Tranche de vie d'une mère d'ado

Aujourd'hui, j'avais envie de sortir de mon silence estival pour vous partager une anecdote qui s'est produite avec mon fils pas plus tard qu'hier soir. Ce n'est pas mon habitude de parler de ma vie privée, mais quoi de mieux qu'un exemple de quotidien pour illustrer comment tout un tas de facteurs peuvent à la fois contribuer à influencer le comportement d'un enfant (enfin d'un  ado en l'occurrence ici,  mais un enfant réagirait de la même façon…), et comment l'éducation reçue, la culture et les croyances peuvent influencer la réaction d'un parent et avoir un impact sur la relation. 

Comment ça a commencé….

Donc, certains d'entre vous le savent déjà, j'ai un fils de 16 ans. Et il est vacances chez son père actuellement et hier, il me téléphone pour me demander le mot de passe pour entrer sur mon profil facebook. Il m'explique qu'il a besoin d'y entrer pour se connecter à un jeu auquel il jouait plus jeune, pour pouvoir récupérer sa progression. EN effet, quand il était plus jeune, je l'autorisais à jouer à des jeux mais en passant par mes codes et adresses mail pour pouvoir recevoir les notifications et surveiller d'un œil ce qu'il faisait.  Sauf que là il a grandi et sur le coup, je n'ai plus envie qu'il vienne sur mon profil que j'estime être un espace privé. Donc, en bonne mère de famille qui pose des limites à son adolescent, je lui répond "non". Et je lui explique que je ne veux pas qu'il entre sur mon profil perso et blablabla….. Bref, il insiste, et plus il insiste, plus je résiste. Et la discussion se termine en eau de boudin. Je raccroche en colère et lui déçu. Quelques minutes plus tard, je reçois une notification de facebook comme quoi mon compte est momentanément inactif parce que quelqu'un d'inhabituel tente de se connecter. Et là, la colère monte….je rappelle et je lui INTERDIS de se connecter. Il y a une part de moi qui ne supporte pas qu'il ne respecte pas ma limite ! je le rappelle, je lui dis que je trouve ça inadmissible et je suis encore plus énervée. 

Et si je prenais un peu de recul ?

Je choisis de faire une pause et sort à l'extérieur pour me calmer et j'en profite pour arroser les fleurs sur la terrasse. Je sens que la colère redescends, et je commence à retrouver ma capacité à réfléchir.  Mais qu'est ce qui n'a pas fonctionné ? Comment on a pu en arriver à ce point de rupture de la communication ? 

Comment nos émotions impactent nos réactions….

En réfléchissant, je réalise que lorsqu'il m'a demandé à entrer sur mon profil, j'ai été surprise par sa demande. Je n'avais pas envie qu'il y rentre, j'avais peur qu'il voit ce que je publie et aussi qu'il aille sur ma page pro et qu'il dérègle un truc…..A vrai dire, je ne sais pas trop quoi. Tout ce que je sais c'est que cette peut m'a fait réagir en disant non fermement, sans pour autant entendre le fait que de son côté il voulait récupérer la progression de son jeu. Cela montre comment un émotion peut nous pousser à agir dans la précipitation, et à privilégier le résultat (il n'ira pas sur mon profil) à la relation (je ne veux pas qu'il aille sur mon profil ET il voudrait récupérer la progression de son jeu). 

Si j'avais pris le temps d'explorer ce qui me faisait dire non à sa demande, j'aurais pu ensuite me relier à lui et nous aurions pu discuter afin de trouver une solution qui puisse nous convenir à tous les deux. Cet exemple montre pourquoi il est important de prendre le temps de s'écouter soi avant de répondre à l'autre, ce qu'on appelle l'auto-empathie. 

Comment la culture et mon éducation influence mon regard...

Ensuite, lorsque j'ai découvert qu'il tentait d'entrer sur mon profil malgré mon refus, j'ai ressenti une grosse colère. Je ne me suis pas sentie respectée, et aussi, j'avais au fond de moi la croyance que quand un parent disait non, un enfant et même un ado devait obéir. Ce passage illustre comment notre culture qui promet l'adultisme ( c'est à dire la domination de l'adulte sur l'enfant au nom de l'éducation), et aussi l'éducation que j'ai reçue, a une influence sur la façon dont spontanément j'envisage comment les choses DEVRAIENT se passer. 

 

En réalité, si mon ado a outre- passé mon refus, ce n'est pas contre moi, par manque de respect, mais pour tenter de résoudre son problème, c'est à dire pour récupérer sa progression sur son jeu. Il m'a demandé du soutien et de l'aide et comme je lui l'ai refusée, il a décidé de se débrouiller seul. A noter que c'est précisément en se débrouillant seul, qu'il a mis en œuvre exactement ce que je cherchais à éviter en tentant de l'empêcher d'entrer. Résultat, mon compte a été bloqué alors que ça n'aurait pas été le cas si nous avions réfléchir ensemble à une solution. 

La fin de l'histoire...

Lorsque je rentre dans le salon, je prends mon téléphone en main et je découvre qu'il m'a envoyé un texto disant "désolé....". Je me sens touchée qu'il s'excuse parce que je me dis qu'il a pu sentir le préjudice que j'avais subi. Je lui répond "c'est aussi de ma faute, on en reparlera, je t'aime". Et il me réponds 'moi aussi, bisous". 

Et si on se donnait le droit de ne pas être parfaits ?

Malgré le fait que j'ai réagi d'une façon qui n'était pas idéale, je suis rassurée de voir que le lien n'est pas abimé. Cela montre que même après des années de pratique de la parentalité positive, et le fait que j'accompagne des famille et des professionnels, il m'arrive encore de ne pas être parfaite. Tout simplement parce que je suis un être humain, avec mes émotions et mes imperfections. L'idée n'est donc pas d'être parfaits en toute circonstance, mais d'avoir suffisamment d'outils pour pouvoir revisiter ce qui a fait que finalement, personne n'a été satisfait. Et de prendre la mesure de notre propres responsabilité de parents dans le comportement de nos enfants, sans les enfermer dans des étiquettes dévastatrices pour leur estime d'eux mêmes et pour le relation. C'est un travail de longue haleine, mais jreste convaincue que ça en vaut la peine. Pas vous ? 

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Commentaires: 1
  • #1

    pinel m (vendredi, 28 août 2020 16:19)

    moi, j'ai obéi à l'autorité de mes parents,
    mais c'était au siècle dernier,
    sans face book, sans portable, etc::::::::::::
    on a tous et de tout temps ,les mêmes doutes,
    courage