Y'a-t-il une parentalité négative ?

Le terme de parentalité positive suscite souvent chez les adultes des réactions plutôt négatives. Chez la plupart des gens, y compris chez des professionnels de l'éducation, ce terme renvoie à une opposition entre une parentalité qui serait positive, et qui s'opposerait à une parentalité qui elle, serait négative. Personnellement j'aime beaucoup ce terme, parce qu'il décrit exactement pour moi l'esprit de ce dont il est question dans cette posture relationnelle. Mais j'avoue, ce n'est pas si évident au premier abord...C'est grâce à un échange avec ma collègue Flore Viard, de Fami'lien (https://fami-lien.fr/), que j'ai pu éclaircir le sens de ce terme. 

Le conditionnement éducatif

La plupart d'entre nous avons appris depuis notre plus jeune âge, à distinguer le bien du mal, ce qui est juste ou pas, etc...En réalité, ces notions, sont à la fois claires pour certaines choses (nous sommes à peu près tous d'accord que tuer quelqu'un c'est "mal"), et moins pour d'autres, ou la notion de ce qui est bien ou mal dépend finalement de la perception de chacun. La seule chose qui est sûre, c'est que définir que quelque chose est bien ou mal, c'est surtout porter sur cette chose un jugement moral. Car oui, nous sommes dans une culture du jugement, et donc, nous avons appris à juger et aussi à NOUS juger. C'est la raison principale qui fait que lorsqu'on entend parler de parentalité "positive", on peut se sentir jugé, ou se juger soi même, parce que ça vient mettre en lumière le fait que malgré toute notre bonne volonté, et toutes nos bonnes intentions, nos actes puissent avoir un impact négatif, et en particulier sur ce que nous avons de plus précieux, à savoir nos enfants. Si à la fois cela nous permet de prendre conscience que oui, on peut avoir une responsabilité dans la façon dans la façon dont on est en relation avec nos enfants,  sur leur devenir en tant qu'adulte, à la fois, le fait que ça suscite de la culpabilité, n'amène que très rarement une volonté d'évolution clairement positive. Parce qu'on culpabilise, et qu'on se juge encore plus, sans pour autant que ça nous renseigne sur comment faire autrement...

Merci la CNV

En l'occurence, penser en terme de positif et négatif, est l'exact contraire du postulat de la parentalité positive, qui justement, est une approche qui s'abstient de tout jugement et en particulier moral. C'est en effet en se rapprochant de la Communication NonViolente (CNV), qui est un des fondements de la parentalité positive, qu'on peut percevoir la subtilité de ce terme. En CNV, on parle de communication non violente, non pas pour dire qu'il existe une communication violente. mais pour attirer l'attention qu'il existe des façons différentes de communiquer, et que celle de la CNV permet à celui qui la pratique, d'agir avec plus de conscience, et de ce fait, de se donner les moyens de communiquer qui lui garantisse le maximum de chances d'être entendu et compris. et en parentalité positive, c'est exactement la même chose. Parce que la question centrale, dans l'histoire, c'est "quand je m'exprime et que je ne suis pas entendu, que mes besoins et mes limites ne sont pas respectées, qui se fait le plus de mal ? " Et oui , en réalité, la parentalité positive, c'est d'abord et avant tout positif pour les adultes, puisque ceux ci vont trouver dans cette approche des moyens d'être plus efficaces, d'agir avec davantage de conscience, et d'augmenter leurs chances de vivre ce à quoi ils aspirent dans leur relation avec leurs enfants….Mais pas que. 

Vivre avec la joie du coeur

Ainsi, en parentalité positive, comme en CNV, au delà de savoir si ce qu'on fait est bien ou mal, une seule question est importante : 

"ai-je de la joie à vivre ce que je vis ? "

Vous criez sur vos enfants ? Vous vous épuisez à répéter 50 fois la même chose ? Vous êtes persuadé"e"s que c'est ça l'éducation, et que c'est un passage obligé et l'assumez parfaitement ? Très bien ! Je vous encourage donc à continuer et à aller au bout de votre expérience relationnelle. Mais si par hasard, il vous arrive de vous sentir découragés, frustrés,  de crier à contre cœur, de punir alors que ce n'est pas ce que vous souhaiteriez, ou de renoncer à quelque chose d'important pour vous par résignation, alors je vous en conjure, cessez de vous faire violence à vous même. La parentalité positive peut vous aider à vivre autre chose, et on ne le dira jamais assez, mais avant d'être bienveillant envers son enfant, il est préférable de commencer par l'être envers soi même….

Pour aller plus loin...

Si vous souhaitez en savoir plus sur la parentalité positive, et découvrir toutes les proposition d'accompagnement que je propose, consultez mes propositions d'accompagnement:  https://mesmainsontlaparole.jimdo.com/familles/ateliers-collectifs/

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Tranche de vie d'une mère d'ado

Aujourd'hui, j'avais envie de sortir de mon silence estival pour vous partager une anecdote qui s'est produite avec mon fils pas plus tard qu'hier soir. Ce n'est pas mon habitude de parler de ma vie privée, mais quoi de mieux qu'un exemple de quotidien pour illustrer comment tout un tas de facteurs peuvent à la fois contribuer à influencer le comportement d'un enfant (enfin d'un  ado en l'occurrence ici,  mais un enfant réagirait de la même façon…), et comment l'éducation reçue, la culture et les croyances peuvent influencer la réaction d'un parent et avoir un impact sur la relation. 

Comment ça a commencé….

Donc, certains d'entre vous le savent déjà, j'ai un fils de 16 ans. Et il est vacances chez son père actuellement et hier, il me téléphone pour me demander le mot de passe pour entrer sur mon profil facebook. Il m'explique qu'il a besoin d'y entrer pour se connecter à un jeu auquel il jouait plus jeune, pour pouvoir récupérer sa progression. EN effet, quand il était plus jeune, je l'autorisais à jouer à des jeux mais en passant par mes codes et adresses mail pour pouvoir recevoir les notifications et surveiller d'un œil ce qu'il faisait.  Sauf que là il a grandi et sur le coup, je n'ai plus envie qu'il vienne sur mon profil que j'estime être un espace privé. Donc, en bonne mère de famille qui pose des limites à son adolescent, je lui répond "non". Et je lui explique que je ne veux pas qu'il entre sur mon profil perso et blablabla….. Bref, il insiste, et plus il insiste, plus je résiste. Et la discussion se termine en eau de boudin. Je raccroche en colère et lui déçu. Quelques minutes plus tard, je reçois une notification de facebook comme quoi mon compte est momentanément inactif parce que quelqu'un d'inhabituel tente de se connecter. Et là, la colère monte….je rappelle et je lui INTERDIS de se connecter. Il y a une part de moi qui ne supporte pas qu'il ne respecte pas ma limite ! je le rappelle, je lui dis que je trouve ça inadmissible et je suis encore plus énervée. 

Et si je prenais un peu de recul ?

Je choisis de faire une pause et sort à l'extérieur pour me calmer et j'en profite pour arroser les fleurs sur la terrasse. Je sens que la colère redescends, et je commence à retrouver ma capacité à réfléchir.  Mais qu'est ce qui n'a pas fonctionné ? Comment on a pu en arriver à ce point de rupture de la communication ? 

Comment nos émotions impactent nos réactions….

En réfléchissant, je réalise que lorsqu'il m'a demandé à entrer sur mon profil, j'ai été surprise par sa demande. Je n'avais pas envie qu'il y rentre, j'avais peur qu'il voit ce que je publie et aussi qu'il aille sur ma page pro et qu'il dérègle un truc…..A vrai dire, je ne sais pas trop quoi. Tout ce que je sais c'est que cette peut m'a fait réagir en disant non fermement, sans pour autant entendre le fait que de son côté il voulait récupérer la progression de son jeu. Cela montre comment un émotion peut nous pousser à agir dans la précipitation, et à privilégier le résultat (il n'ira pas sur mon profil) à la relation (je ne veux pas qu'il aille sur mon profil ET il voudrait récupérer la progression de son jeu). 

Si j'avais pris le temps d'explorer ce qui me faisait dire non à sa demande, j'aurais pu ensuite me relier à lui et nous aurions pu discuter afin de trouver une solution qui puisse nous convenir à tous les deux. Cet exemple montre pourquoi il est important de prendre le temps de s'écouter soi avant de répondre à l'autre, ce qu'on appelle l'auto-empathie. 

Comment la culture et mon éducation influence mon regard...

Ensuite, lorsque j'ai découvert qu'il tentait d'entrer sur mon profil malgré mon refus, j'ai ressenti une grosse colère. Je ne me suis pas sentie respectée, et aussi, j'avais au fond de moi la croyance que quand un parent disait non, un enfant et même un ado devait obéir. Ce passage illustre comment notre culture qui promet l'adultisme ( c'est à dire la domination de l'adulte sur l'enfant au nom de l'éducation), et aussi l'éducation que j'ai reçue, a une influence sur la façon dont spontanément j'envisage comment les choses DEVRAIENT se passer. 

 

En réalité, si mon ado a outre- passé mon refus, ce n'est pas contre moi, par manque de respect, mais pour tenter de résoudre son problème, c'est à dire pour récupérer sa progression sur son jeu. Il m'a demandé du soutien et de l'aide et comme je lui l'ai refusée, il a décidé de se débrouiller seul. A noter que c'est précisément en se débrouillant seul, qu'il a mis en œuvre exactement ce que je cherchais à éviter en tentant de l'empêcher d'entrer. Résultat, mon compte a été bloqué alors que ça n'aurait pas été le cas si nous avions réfléchir ensemble à une solution. 

La fin de l'histoire...

Lorsque je rentre dans le salon, je prends mon téléphone en main et je découvre qu'il m'a envoyé un texto disant "désolé....". Je me sens touchée qu'il s'excuse parce que je me dis qu'il a pu sentir le préjudice que j'avais subi. Je lui répond "c'est aussi de ma faute, on en reparlera, je t'aime". Et il me réponds 'moi aussi, bisous". 

Et si on se donnait le droit de ne pas être parfaits ?

Malgré le fait que j'ai réagi d'une façon qui n'était pas idéale, je suis rassurée de voir que le lien n'est pas abimé. Cela montre que même après des années de pratique de la parentalité positive, et le fait que j'accompagne des famille et des professionnels, il m'arrive encore de ne pas être parfaite. Tout simplement parce que je suis un être humain, avec mes émotions et mes imperfections. L'idée n'est donc pas d'être parfaits en toute circonstance, mais d'avoir suffisamment d'outils pour pouvoir revisiter ce qui a fait que finalement, personne n'a été satisfait. Et de prendre la mesure de notre propres responsabilité de parents dans le comportement de nos enfants, sans les enfermer dans des étiquettes dévastatrices pour leur estime d'eux mêmes et pour le relation. C'est un travail de longue haleine, mais jreste convaincue que ça en vaut la peine. Pas vous ? 

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Education bienveillante, parentalité positive, le grand malentendu

Il y a quelques jours, j'ai lu un article au sujet de l'éducation bienveillante. Il y était question entre autres, de critiquer la façon dont l'éducation bienveillante est incarnée comme un dogme, qui sous couvert de preuves scientifiques issues des neurosciences, impose aux parents d'aujourd'hui d' être des parents parfaits, à la patience inaltérable, qui ne s'énervent jamais. On assiste alors à un clivage entre les personnes et les actes "bienveillants ou pas bienveillants", qui là aussi est issue à mon sens d'une totale incompréhension de la question. Je suis en effet la première à déplorer qu'elle soit parfois comprise et véhiculée de cette façon, parce qu'à mes yeux, cette conception fait infiniment plus mal que de bien. Et je commence à saturer de la récupération commerciale qui en découle, et de tous les articles que je lis (non, que je ne lis pas d'ailleurs...) qui commencent par "X trucs 'et machins pour obtenir telle ou telle chose de votre enfant". Néanmoins il me semble qu'on assiste avec l'émergence de cette conception de l'éducation à un changement de posture dans la relation à l'enfant et à ses parents.

L'éducation bienveillante, un dogme

On reproche donc à l'éducation bienveillante, d'être un dogme. A contrario, je suis toujours étonnée du nombre d'adultes qui agissent avec les enfants à partir de "Il faut/ Il ne faut pas ", "Je dois/je ne dois pas", ou encore à partir de certitudes issues de leur vision de ce qu'est un enfant ou à partir de ce qu'il imagine de ses intentions. J'en veux pour preuve les croyances du genre "Il faut mettre des limites aux enfants" et autre "je ne dois pas céder", ou les interprétations du genre "Il fait un caprice pour me manipuler pour que je cède".

Pour moi, on est là dans le registre d'un dogme, qui dicte les bonnes ou mauvaises attitudes à avoir pour être un "bon parent". Et la vision de l'enfant capricieux et manipulateur, émane de préjugés largement ancrés dans notre culture concernant les enfants, qui mènent tout droit à des comportements d'adultisme. Et elle témoigne aussi de la méconnaissance énorme qu'ont beaucoup d'adultes concernant les mécanismes émotionnels et relationnels qui régissent les rapports humains, avec eux mêmes ou les autres.

Tout ça pour dire, que si l'éducation bienveillante peut être perçue comme un dogme, alors c'est un dogme qui en remplace beaucoup d'autres. Mais des dogmes, il y en a depuis longtemps.

L'apport des neurosciences

Grace aux neurosciences, on comprend mieux aujourd'hui comment le cerveau de l'enfant, puis de l'adolescent et de l'adulte se développe. Les images d'IRM montrent que chaque expérience sensorielle, émotionnelle ou relationnelle, laisse une empreinte dans le cerveau encore immature de l'enfant. Mais on oublie à mon sens deux éléments. Ce sont des images, c'est à dire des photos à un instant T. Elles ne traduisent pas de la capacité du cerveau à se transformer et à se régénérer tout au long de la vie. Par ailleurs les études sur l'impact des Violences éducatives sont faites sur des groupes, et reflètent donc mal quel impact elles pourront avoir sur un individu donné. Bien sur il ne s'agit de dire qu'elles sont inutiles, car elles nous aident à prendre conscience de certains de nos actes et à les éviter le possible. Mais les neurosciences et autres études n'ont aucune valeur prédictive, ni prescriptive. Elles ne démontrent que des liens de corrélations entre des phénomènes et leurs effets. Et lorsque ces études donnent lieu à des interprétations, ou  deviennent prescriptives de ce qu'il faut faire ou pas, de ce qui est bien ou pas, voire pire, des injonctions, alors on s'éloigne de l'essence même de la parentalité positive.

Changement de société, changement de paradigme

Le développement des moyens de communication met à disposition des parents beaucoup plus d'informations, et là où hier ils recevaient les précieux conseils en matière d'éducation de leur famille et de la boulangère, aujourd'hui ils en reçoivent de ces mêmes personnes, et d'une multitude d'autres sur les réseaux sociaux, plus ou moins fiables, il faut bien le dire... Le coté positif est néanmoins que désormais, les parents sont de mieux en mieux informés, ce qui leur permet de faire des choix plus éclairés qu'autrefois. Et aussi de remettre en cause des choses bien ancrées dont celles dont je parlais plus haut.

On assiste alors à un changement de posture de la part des parents, et des adultes en général d'ailleurs, qui s'insurgent désormais, contre ce qui il y a quelques décennies, était pris pour acquis. Je pense par exemple, aux violences obstétricales, qui sont de plus en plus dénoncées, alors que nous avons plus ou moins tous dans notre famille, des femmes des générations précédentes, qui ont connu des accouchements atroces,  des épisiotomies qui leur ont valu des douleurs pendant des années, lors des rapports sexuels, ou autre" joyeusetés". Aujourd'hui on n'accepte plus de subir en silence, ni de ne pas pouvoir faire des choix en responsabilité.

Par ailleurs, les contraintes professionnelles et l'éclatement des familles confrontent beaucoup de parents à une solitude bien plus grande qu'autrefois.

C'est donc dans ce contexte où il y a une plus grande autonomie des parents, par rapport à leurs choix éducatifs, que désormais on tolère une plus grande diversité dans les choix éducatifs de chacun. Il n'y a pas une seule voie, une seule façon d'etre parent. Le choix est donc plus large, et les questionnements plus nombreux.

Éducation bienveillante qu'est ce que ça change ?

Ce changement de paradigme s'accompagne donc d'un changement dans la façon d'accompagner parents et enfants. Désormais, on ne réprime plus l'émotion d'un enfant, et on lui apprend à l'écouter et à la traduire en besoins. Et on lui enseigne des stratégies acceptables pour y répondre. Ceci afin qu'il puisse se connaitre, faire des choix une fois adulte, sans subir sa vie, mais en apprenant à traverser toutes les épreuves de la vie sur lesquelles il n'a aucun pouvoir, tout en jouissant pleinement de son pouvoir personnel sur ce sur quoi il peut agir.

Ce changement de posture implique de la part des adultes une prise de conscience de leurs propres mécanismes émotionnels, dont leur éducation les a privés, ainsi qu'une information sur le développement des enfants selon leur âge et des mécanismes qui régissent les relations entre les êtres humains. Ce sont les axes sur lesquels reposent les ateliers de parents qui sont proposés de plus en plus en France, et pour ma part, je vous propose de découvrir ici. Je propose également des formations professionnelles qui permettent de développer ces savoirs, et qui sont présentées ici.

Le grand changement de la parentalité positive c'est également que cette approche remet en cause le rapport de domination entre adultes et enfants. L'enfant et l'adulte son égaux en terme de valeurs et de besoins, ils ont chacun une place dans la relation qui est d'égale valeur, mais qui n'est pas la même. Les neurosciences ont montré que l'enfant dès son plus jeune age est doté de compétences sociales,  comme l'empathie, ou la capacité à discriminer les actes favorables au bien être d'autrui de ceux qui le desservent. Et c'est son environnement, donc les adultes qui l'entourent, qui vont contribuer ou non au développement de  ces compétences. Donc, on passe d'une éducation où on inculque de l'extérieur vers l'intérieur des compétences que l'on juge adaptées, à une éducation qui cultive des compétences déjà présentes à l'état embryonnaire.

L'autre grande révolution que représente la parentalité positive, qui découle de la fin de ce rapport dominant/dominé, c'est qu'elle se concentre sur la RELATION avec l'enfant (au sens de "se relier"), plutôt que sur le résultat. Cette posture issue de la Communication NonViolente, insiste sur le fait que c'est dans la relation, que l'enfant va pouvoir développer pleinement son potentiel. Que c'est dans les rencontres avec les autres, adultes et enfants, et dans les interactions qu'il va vivre, qu'il va développer sa conscience de lui même, des autres, et qu'il va pouvoir développer ses compétences émotionnelles et relationnelles.

Et si être parfait, c'était juste être soi-même ?

Ma conception de l'éducation bienveillante, c'est qu'elle permet à chacun d'aller vers plus d'authenticité. En écoutant nos émotions de parents, on prend conscience de nos besoins et limites. On se libère de la peur de l'avenir, et on n'éduque pas notre enfant par peur de ce qu'il pourrait devenir. On comprend aussi que nos difficultés ne font pas de nous des "mauvais parents", mais que parfois, elles sont la conséquence de contraintes sociétales sur lesquelles nous n'avons pas de pouvoir, ou de circonstances de vie qui peuvent être longues à modifier. Il ne s'agit donc pas d'etre parfaits, et impassibles en toutes circonstances, ni de faire ce qui est bien ou le mieux pour notre enfant, mais de faire les choix les plus adaptés à notre contexte de vie, à la situation du moment, et à nos responsabilités respectives. De faire tel ou tel choix, non pas parce que c'est ce qui est "le mieux pour notre enfant", ni parce que c'est "ce qu'il faut faire" selon tel ou tel principe, auteur, ou autre livre. Ni même parce c'est "bien, bienveillant", ou pas....On fait ces choix parce qu'ils correspondent à NOS valeurs, NOS besoins, que nous sommes à cet instant, et qu'ils nous permettent d'atteindre un équilibre satisfaisant pour tous, au sein de Notre famille.

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La télécommande à changer les autres

Régulièrement, lors de mes accompagnements parentaux ou formations auprès des professionnels de l'enfance, je rencontre des adultes qui se plaignent. Cela va de cette maman qui se plaint que son mari crie trop sur les enfants, de ce papa qui trouve que son fils ne travaille pas assez à l'école, de cette maitresse qui est persuadée que tout irait mieux si le parent de tel élève agissait de telle ou telle manière, de la nounou qui est persuadée qu'elle aurait moins de problèmes avec cet enfant si les parents agissaient différemment. Et ce sont tous ces adultes, qui sont censés éduquer les enfants et leur inculquer les règles du "vivre ensemble". Et lorsque je rencontre ce genre de situation, je le dis que quand même, en matière de vivre ensemble, on a un sacré boulot.

 

D'un autre côté, je comprends. C'est vrai que ce serait génial, et qu'on vivrait tous ensemble et heureux, si tout le monde voyait les choses de la même façon, si tout le monde avait les mêmes idées, la même conception du problème et étaient d'accord sur la façon de le résoudre. Seulement, ça, c'est dans les films. Parce que dans la vraie vie, il bien l'avouer, c'est rarement le cas.

Mais comment ça se fait ?

Si nous cherchons avec autant de ferveur et d'énergie à faire changer les autres, c'est à mon sens pour plusieurs raisons.

 

La première de ces raisons, c'est la conception que nous avons de l'éducation. En tant qu'enfants, nous avons tous, à différents degrés, vécu la même chose. Quand nos parents étaient en colère ou tristes par exemple, c'était de notre faute. Et donc la solution, c'était que nous devions changer de comportement, ou cesser de faire ce que nous faisions. Cette vision de l'éducation a pour moi l'inconvénient de faire porter la responsabilité de notre propre émotion. Or, si le comportement de l'enfant ou de l'autre en général est un déclencheur de notre émotion, il n'en est jamais la cause. Mais j'y reviendrai plus loin...Dans cette conception de l'éducation, nous mettons l'enfant et l'adulte au même niveau de responsabilité dans la relation. Alors que nous savons aujourd'hui grâce aux neurosciences que l'enfant a un cerveau immature jusqu'à l'age de 25 ans, et que donc, il ne dispose pas des mêmes facultés que l'adulte pour mettre en oeuvre les compétences relationnelles et émotionnelles nécessaire à une vie sociale harmonieuse. Et que donc c'est l'adulte dont le cerveau est mature qui doit lui montrer le chemin. Par ailleurs, le fait de faire porter à l'enfant la responsabilité de nos émotions ou de lui reprocher son comportement, va contribuer à lui faire ressentir de la culpabilité. Et on pense à tort que c'est cette culpabilité qui va amener l'enfant à changer. Mais ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui.

 

Donc en tant qu'enfant, nous avons eu à nous adapter à des attentes parentales, et plus globalement sociétales, ce qui fait que nous avons enregistré très tôt que si nous ressentons des émotions désagréables, c'était cause des autres et donc qu'ils devaient changer. Et dans les autres il y a nos enfants. Et voilà comment les choses se reproduisent de générations en générations, et ce qui nous conduit en tant que parent, à vouloir agir SUR nos enfants, sous prétexte d'éducation.

 

Un autre facteur qui augmente ce phénomène, ce sont les représentations très ancrées chez les adultes sur le rôle qu'ils ont à tenir auprès des enfants pour être de "bons éducateurs". Et la première de ces représentations, c'est la nécessité de 'mettre des limites aux enfants". A travers cette injonction, on fait croire aux adultes, qu'ils ont le devoir, que c'est leur rôle, d'agir SUR les enfants et leur comportement. Et ça aussi, cela a pour conséquence de rendre beaucoup plus difficile les relations. Parce que si les enfants acceptent de se conformer aux attentes de leurs parents (au moins jusqu'à l'adolescence), c'est beaucoup moins le cas des autres adultes. Et c'est là que ça se complique.

Parce qu'en réalité, n'avons pas le pouvoir d'agir SUR l'autre. Nous ne pouvons pas l'obliger à être d'accord avec nous ni à faire ce que nous attendons de lui.

Ben alors qu'est ce qu'on fait ?

Et là, je vous vois venir. Je vous vois déjà me dire "Ben alors, on laisse tomber ? Ca veut dire qu'on ne fait rien ? Qu'on laisse faire ?" Cette réaction est pour moi assez représentative d'une autre représentation assez répandue qui consiste à osciller entre "controler le comportement de l'autre" et le 'laisser faire". C'est à dire réaction qui oscille entre l'autoritarisme et le laxisme dans l'éducation. Deux mouvements entre lesquels voyagent bon nombre d'adultes et de parent à la recherche d'un équilibre.

Le problème essentiel de perdurer dans cette voie, c'est d'être régulièrement confrontée à l'impuissance. C'est ce que ressentent bon nombre de parents qui viennent à ma rencontre pensant trouver en moi une alliée qui va les aider à faire rentrer leur enfant dans ce qu'ils estiment être la bonne façon de se comporter. Et c'est aussi ce que je rencontre au détour de mes interventions en milieu professionnel, dans les situations de conflits entre parents et professionnels ou même entre parents ou professionnels entre eux.

 

Une des pistes de résolution est alors d'écouter l'émotion que suscite le comportement de l'autre, et de le traduire en besoin. C'est à dire de se poser des questions telles que "Qu'est ce que va m'apporter à moi que l'autre change son comportement ? ", "Quel est le problème POUR MOI exactement ?", "A qui appartient le problème (qui souffre de la situation ?) ?". Ensuite, il s'agira de travailler sur comment la personne concernée, à défaut d'avoir le pouvoir d'agir SUR l'autre, va pouvoir agir sur la RELATION, afin de répondre à SON propre besoin, tout en laissant à l'autre la responsabilité de ce qui lui appartient. Cela implique en outre de se libérer des représentations que nous avons de ce que devrait être notre rôle afin de se concentrer sur ce sur quoi nous pouvons réellement agir et comment.

Le chemin de la liberté... et de l’efficacité

Ce que j'observe au fur et à mesure de mes interventions, c'est que cette stratégie consiste finalement à rendre à chacun sa responsabilité dans la relation, et de permettre de gagner en pouvoir personnel. Plutot que d'essayer d'agir sur l'autre et d'être confrontés à son impuissance, il s'agit davantage de reprendre du pouvoir personnel sur la situation, et c'est ce chemin là qui permet d'expérimenter notre efficacité relationnelle et de reprendre confiance en soi. Alors, ça vous dirait d'éssayer ?

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Le coté obscur de la force

Il y a quelques jours, je suis tombée sur un excellent article sur le non moins excellent site collaboratif "les vendredis intellos", que vous trouverez ici. Cet article riche en arguments pose un problème de fond concernant la bienveillance éducative et la non violence dans l’éducation. Il y est question de souligner, que parler d'éducation bienveillante, en terme d'outils alternatifs, ne suffit pas en soi, si on ne remet pas en cause le statut de l'enfant dans la relation éducative et la relation de pouvoir entre adultes et enfants, et plus précisément entre parents et enfants.

Un changement de perspective...

J'avoue que cette question me parait tout à fait intéressante. Dans mon travail d'accompagnatrice parentale, il m'arrive de rencontrer des parents, qui cherchent des "trucs" et des "astuces", ou des "solutions", pour faire en sorte que leurs enfants répondent enfin à leurs attentes. Ces mêmes parents sont d'ailleurs souvent sous l'emprise d'une société toute entière, qui considère qu'un enfant bien élevé est docile, obéissant et travailleur, et surtout qu'il ne manifeste pas trop de mécontentement en remettant en question la place qui lui est attribuée. Je suis la première à dire que le premier travail que nous avons à faire en tant que parent, c'est de nous libérer de l'idée qu'en tant que parent, nous avons le pouvoir de faire en sorte que notre enfant corresponde à l'image qu'on (ses parents, et la société) attend de lui. De sortir de cette attitude de contrôle; qui nous pousse à contraindre l'enfant à devenir ce qu'on a décidé pour lui. Dès lors, nous sortons d'une posture relationnelle de pouvoir sur l'enfant, pour aller vers une posture d'autorité qui fait de nous des guides, et où nous pouvons transmettre une attitude qui prend en compte ce qui nous relie à l'enfant, c'est à dire notre caractère humain, animé par des besoins et des émotions. C'est à partir de cette posture que nous pouvons accompagner l'enfant, à travers la relation que nous allons construire avec lui, dans le développement de ses compétences émotionnelles et relationnelles.

L'éducation bienveillante, une relation sans pouvoir....

Néanmoins, il me semble que la question de relation de pouvoir dans l'éducation telle qu'elle est décrite dans l'article, ne prend en compte qu'un aspect de la notion de pouvoir. Attirer l'attention sur le fait que c'est la relation de pouvoir qui est à l'origine de la violence éducative, ne signifie pas pour moi, que le pouvoir devrait être absent de la relation éducative.

En effet, il me semble que dans cette optique, une seule conception du pouvoir est mise en lumière : le pouvoir comme instrument de coercition. Or, si nous n'avons pas le pouvoir de pousser notre enfant à répondre à nos attentes  nous avons le pouvoir d'agir pour que nos besoins soient respectés et qu'ils acquièrent le pouvoir de faire respecter les leurs. Et c'est même là d'ailleurs toute notre responsabilité d'adulte, que ce soit à l'égard des enfants ou non. Donc, il s'agit davantage de nous connecter à notre propre pouvoir d'adulte à faire respecter nos besoins, plutôt que d'agir SUR l'enfant dans le but qu'il y  réponde. Bien sûr; l'enfant peut contribuer à ce que nos besoins soient respectés, mais il ne s'agit là que d'une des multiples solutions possibles, et cette solution n'est envisageable que si l'enfant y consent.

Sans rapport de force

De la même façon, il m'arrive de rencontrer des parents qui perçoivent l'éducation bienveillante comme une éducation sans conflit, ni rapport de force, dans laquelle l'enfant va consentir à faire ce qu'on lui demande, parce qu'eux, les parents, auront utilisé la bonne phrase, le bon outil, la bonne astuce, etc... C'est ce qui contribue à donner à cette démarche éducative l'image d'une éducation laxiste, un poil bisounours, voire clairement idéaliste. Et il faut bien le dire, c'est un peu justifié....

La différence majeure entre un parent qui utilise la violence éducative et celui qui est dans une démarche d’éducation non violente, c'est que la conception du pouvoir n'a pas la même finalité, comme je l'ai expliqué plus haut. Mais pas seulement. Dans une démarche d'éducation non violente, le rapport de force est bien présent, ainsi que les conflits. Ainsi, l'enfant n'est pas considéré comme l'égal de son parent en terme de droits, mais en terme de valeur. Il y a donc bel et bien une hiérarchie entre parents et enfants, mais qui donne à l'enfant le droit à la protection des adultes, et non pas un devoir d'obéissance aveugle.

En outre, le rapport de force existe bel et bien, mais dans une intention de protection et pas d'éducation. Ainsi, il s'agit de s'interdire d'utiliser la force dans le but de faire payer son comportement à un enfant, parce qu'il est mauvais, ou méchant, ou dans le but de lui faire comprendre quelque chose. Par contre, on va s'autoriser à utiliser la force, et donc l'intervention physique, pour empêcher un jeune enfant de traverser la route, de monter sur un meuble de la maison, ou de faire tout action qui porterait atteinte à sa propre sécurité ou celle des autres. C'est particulièrement le cas avec les enfants en dessous de 4-5 ans qui ne comprennent pas toujours le message oral de l'adulte et dont la compréhension des consignes passe par l'expérience, et donc par le corps (ce qu'on appelle l'intelligence sensori-motrice).

 

De la même manière, on va utiliser la force pour que l'enfant prenne en compte les besoins d'autrui ( on va l'habiller contre sa volonté parce que nous avons besoin d'être à l'heure, ou l'empêcher de prendre le jouet de son grand frère).

Mais, me direz-vous, où est la protection de l'enfant si on l''habille de force, ou qu'on le contraint à ne pas prendre les jouets de son frère ? A cette question, j'aimerais vous en poser deux autres : A votre avis, qu'allez vous ressentir contre votre enfant de moins de 4 ans, s'il joue au lieu de se dépêcher et que par conséquent, vous êtes en retard au travail ? A votre, avis, que va faire le grand frère pour protéger son jouet s'il dit plusieurs fois au petit de ne pas y toucher et que celui-ci n'obtempère pas ? Il y a fort à parier que la réponse à la première question soit que vous serez énervés et qu'il vous sera alors encore plus difficile de faire preuve de patience à l'égard de votre petit le soir venu. Et il est fort probable que le grand frère finisse par en venir aux mains pour faire entendre au petit ce qu'il a essayé de lui faire comprendre par les mots. Il s'agit donc ici d'utiliser la force pour protéger votre besoin et celui du grand frère, mais aussi d'agir tôt et de façon efficace, afin d'éviter de confronter le petit à une violence encore plus grande, la votre et celle de son frère. Par ailleurs, l'intervention physique s'accompagne toujours de la prise en compte de l'émotion de l'enfant et de son accueil, ce qui distingue encore cette démarche et en fait une démarche respectueuse. parce qu'au-delà du rapport de force, c'est la non prise en compte de l'émotion de l'enfant qui constitue une violence éducative. L'idée que l'enfant a "mérité" qu'on le contraigne parce qu'il refuse d'obtempérer et qu'en plus, il n'a pas le droit de râler...

Ni conflits

On comprend alors plus facilement que même dans une éducation bienveillante et respectueuse, les conflits sont présents, ainsi que les émotions désagréables de part et d'autres. Mais la grande différence réside dans le fait que jamais ces conflits ne dégénèrent en violence, même si le rapport de force est parfois nécessaire. C'est d'ailleurs là toute la différence entre la non violence et le pacifisme. le pacifiste, c'est celui qui va fuir le conflit, voire renoncer à faire respecter ses propres besoins au profit de ceux des autres, dans une démarche plus proche de la résignation, et donc de la violence retournée contre lui-même. 

Le non violent va agir pour protéger sa vie et son intégrité, même s'il doit utiliser la force pour cela. Et c'est également la différence fondamentale entre la tolérance et le respect. Je peux respecter mon enfant, sans pour autant tolérer ses comportements si ceux-ci portent atteinte à mes limites. J'ai alors la responsabilité d'agir pour que celles ci soient respectées.

Repenser la place de l'enfant et de l'adulte

Ainsi, cheminer vers une démarche d'éducation réellement respectueuse, nécessite de repenser totalement notre conception du pouvoir, et de la place de l'enfant et de l'adulte dans la relation. Cela nécessite pour nous adultes, d'être toujours au clair avec notre intention, et attentifs à nos propres besoins. Cela implique qu'outre la connaissance d'outils éducatifs, nous ayons une plus grande connaissance des possibilités de nos enfants en fonction de leur âge, ainsi que des mécanismes émotionnels et relationnels qui sont en jeu dans notre relation avec eux. On sort alors de la sempiternelle question "comment on fait sans fessée ?" (sous entendu, pour obtenir le même résultat, à savoir l'obéissance de l'enfant...) pour aller vers d'autres questions à mes yeux plus fondamentales A savoir, quel est notre objectif en tant qu'adultes ? Est ce que notre objectif, c'est réellement que nos enfants fassent ce que nous voulons qu'ils fassent ? Mais aussi, que voulons nous que nos enfants aient comme raison de faire ce que nous voulons ? Est-ce que nous voulons qu'ils le fassent par peur des conséquences ? Ou de nous ? Ou pour nous faire plaisir ? Ou parce qu'ils ont réellement compris le sens de notre demande comme légitime, parce que liée à un besoin pour nous ou pour la famille ? et qu'alors, ils souhaitent contribuer au bien être de chacun, et prendre leur place dans la famille, en pleine possession de leur responsabilité, avant de la prendre dans la société toute entière ? 

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Mon enfant fait des colères

Ahh la colère des enfants ! Combien d'adultes se sentent démunis devant un petit enfant qui se met subitement à hurler, à sa rouler par terre, devant un jeune enfant qui "répond", ou un ado qui insulte.... La colère est une émotion mal connue et pourtant utile, tellement utile....Et si on apprenait à mieux la connaitre, pour aider les enfants à l'utiliser à bon escient ? Peut-être même qu'on pourrait se réconcilier avec la notre et mieux la comprendre...

La colère, ça sert à quoi ?

La colère fonctionne comme toutes les autres émotions. C'est un signal que nous envoie notre cerveau pour signaler que quelque chose dans notre environnement se passe que nous n'avions pas prévu, et qui plus est, qui peut s'avérer dangereux. Oui, vous avez bien lu, qui peut s'avérer dangereux. Je m'explique : D'abord, elle se manifeste par un certain nombre de ressentis physiques, qui si nous n'y prêtons pas attention, vont devenir de plus en plus présents, jusqu'à nous faire "sortir de nos gonds". Mais j'y reviendrai plus tard. Ensuite, parce que la colère se manifeste souvent lorsque nous sommes confrontés à une situation qui nous parait injuste, pour nous-même ou pour les autres. C'est donc un bel atout pour nous aider à lutter contre l'injustice. C'est aussi une émotion qui se manifeste lorsque notre intégrité physique ou psychique est menacée. Et là encore, ça me prit indispensable d'en tenir compte, parce que le respect de notre intégrité est indispensable à notre épanouissement personnel et avec les autres. Ou encore lorsque nos besoins ne sont pas respectés. Or, la satisfaction de nos besoins participe là aussi à notre bien-être.

Quand l'enfant "fait une colère"...

Et pour l'enfant quelque soit son âge, c'est exactement la même chose que pour un adulte. Sa colère a TOUJOURS une raison d'être. Comme pour un adulte, sa colère peut être déclenchée par le non respect de ses besoins ou de son intégrité, ou par une situation d'injustice qu'il subit. La différence fondamentale entre la colère de l'adulte et celle de l'enfant, et c'est la même chose pour toutes les émotions d'ailleurs, c'est la difficulté qu'a l'enfant, à réguler son émotion, du fait de l'immaturité de son cortex préfontal, la partie du cerveau qui gère le raisonnement, la capacité à prendre du recul, etc... qui n'est mature qu'à l'âge de... 25 ans environ. Or, à cause d'une grande méconnaissance des mécanismes de régulation émotionnelle, nous attendons d'un enfant, d'un ado, qu'il accepte la situation sans broncher, et considérons qu'un enfant est mal élevé s'il ne se comporte pas comme un adulte, et ce, dès l'age de 18 mois (et encore, je suis gentille...)

Aux frontières de l'adultisme

Un autre élément entre en compte pour expliquer notre méconnaissance du développement émotionnel des enfants, ce sont nos croyances. Par exemple, nous entendons souvent que 'les enfants doivent apprendre à gérer la frustration". Cette croyance nous pousse à obliger nos enfants à faire taire toute manifestation de colère, sous prétexte d'acceptation de "la frustration". Et à ne pas apporter à l'émotion de l'enfant toute l'importance qu'elle mérite, en la nommant sous le terme de "colère", voire de "caprice". Et parfois, nous ne nous rendons pas compte que nos exigences, sont plus proches d'une prise de pouvoir sur l'enfant que d'une véritable posture d'autorité. La confusion entre autorité et pouvoir est extrêmement fréquente, mais j'y reviendrai dans un autre article. Ma position concernant la frustration, c'est que l'enfant y est confronté très tôt dans sa vie, puisqu'il nait dépendant et est donc contraint de faire face à une grande frustration quand il est obligé de passer par l'adulte pour répondre à ses besoins, et que celui ci ne répond pas. Il en va de ses besoins primaires (comme la faim ou la soif), et aussi de ses désirs, qui eux, ont besoin non pas d’être frustrés exprès, mais de se confronter aux limites de l'autre. Ce qui va donc aider un enfant à grandir, ce n'est pas d'apprendre à gérer sa frustration, sans manifester sa colère, mais de rencontrer un autre être humain qui pourra comprendre les raisons  de sa colère, sans pour autant renoncer à ses propres besoins.

Quand la colère n'en est pas une...

Il arrive fréquemment dans les accompagnements que je propose, que je rencontre un parent ou un professionnel, qui me parle de sa difficulté à gérer la colère d'un enfant. C'est pourtant très important, parce que la façon dont nous allons réagir à la colère de l'enfant va conditionner la façon dont l'enfant, puis l'adulte, va l'exprimer... ou pas. Pour illustrer mon propos, je vais vous parler de Marie, maman de Manon, 3 ans et demi. Un matin, Marie se prépare pour aller travailler et doit déposer Manon à l'école. elle veut l'aider à s'habiller, voudrait que sa fille se dépêche de prendre son petit déjeuner, mais voilà, Manon, elle, elle veut jouer. Et quand sa maman lui dit de se dépêcher, essaie de l'habiller de force, la petite se débat, court dans toute la maison, bref...Plus Marie voit l'heure tourner, plus elle stresse. Et finalement, elle se fâche contre sa fille, et la gronde. La petite se met alors à hurler, et à se rouler par terre (toute ressemblance avec un enfant et un parent que vous auriez déjà croisé ne serait pas du tout fortuite, vous vous en doutez ;-)) Marie tente alors d'accueillir l'émotion de sa fille :

Je vois que tu es en colère, c'est normal, mais je dois être à l'heure au travail. j'ai une réunion importante ce matin

Et la petite, loin de se calmer, est de plus en plus submergée par son émotion. Et c'est comme ça plusieurs fois pas jour...D'où le fait que la maman s'adresse à moi.

 

Derrière la colère de la maman qui a grondé sa fille, il y a plusieurs choses... en fait, au départ, ce n'était pas de la colère. Mais de la peur. Marie avait peur d’être en retard, et voyant que sa fille trainait, elle s'est mise à avoir de plus en plus peur.. elle a donc essayé de changer les choses en essayant de contrôler le comportement de sa fille. Ce qui est une réaction tout à fait logique à la peur, mais pour le coup, totalement inadaptée. Plus ses tentatives de contrôles se sont avérées inefficaces, plus elle est montée dans l'émotion jusqu'à toucher du doigt son IMPUISSANCE, à répondre à son besoin. Et c'est là qu'elle a explosé et qu'elle a exprimé de la colère. Du côté de sa fille, la petite voulait jouer, ce qui est, il faut bien le dire, la préoccupation principale et la plus utile à cet âge. Elle voulait jouer et elle avait BESOIN de jouer, puisque c'est par le jeu qu'elle apprend. Mais elle est incapable de le dire avec des mots, parce qu'à cet age, et beaucoup plus tard d'ailleurs si personne ne nous l'apprend, il est très difficile de connaitre son besoin et de l’exprimer, même si on parle.

 

Devant l'incompréhension de sa maman qui, elle même prise par son émotion, a tenté de l'empêcher de jouer, la petite a commencé à résister.. et à jouer encore plus. Non pas parce qu'elle ne comprenait pas le besoin de sa maman d’être à l'heure, mais parce que le besoin de la maman entrait en conflit avec son besoin à elle. Elle protégeait ainsi son besoin, et son intégrité de petite fille.

 

Quand Marie s'est mise à crier, la petite a probablement eu peur. Elle a peut être senti son impuissance à pouvoir jouer parce sa maman était "la plus forte" et qu'elle allait devoir renoncer. Elle a peut être ressenti de la tristesse. Et submergée par son émotion, elle l'a exprimé comme elle a pu.

On voit dans cet exemple comment ce qu'on appelle de la colère, qui est en fait de la rage, prend le pas sur une autre émotion qui n'a au départ, rien à voir avec la colère....

Accompagner la colère de l'enfant, comment faire ?

Ce que cette histoire nous montre également, c'est combien nous sommes maladroits dans l'accueil des émotions désagréables. Quand Marie tente d'accueillir l'émotion de sa fille, elle nomme ce qu'elle croit etre l'émotion de son enfant, et immédiatement après elle poursuit par un "mais"..... Ce petit mot indique alors, qu'elle cherche à faire accéder sa fille à son propre point de vue, afin qu'elle tienne compte de son propre besoin. Cela fait appel au raisonnement; qui est très difficile pour une petite fille de cet âge, et qui plus est, à n'importe qui qui est aux prises avec une forte émotion. La première chose dont l'enfant a besoin lorsqu'il éprouve une émotion désagréable, c'est d'une présence empathique. On peut ainsi accueillir l'émotion de la petite Manon en disant quelque chose comme :

Je comprends que tu aies envie de jouer. C'est difficile pour toi d'arrêter de jouer pour aller t'habiller, tu préfèrerais continuer à t'amuser avec ta poupée. Je comprends, pour moi aussi c'est difficile de m’arrêter de faire quelque chose que j'aime pour aller faire quelque chose que je n'ai pas envie de faire...

Parfois, l'enfant hurle et ne nous écoute pas. Mais notre seule présence lui signifie que nous le comprenons, et que  nous acceptons son émotion. il arrive également qu'un enfant ait besoin d'etre isolé pour retrouver son calme. il est alors utile de lui aménager un endroit douillet, dans le salon ou dans sa chambre, où il peut se ressourcer en attendant que la tempête se calme. Et si c'est pour nous que c'est difficile, nous pouvons lui montrer l'exemple en se retirant de la relation, pour prendre quelques minutes et prendre soin de nous. Il le fera alors de lui même en grandissant.

 

Et c'est seulement lorsqu'il est apaisé, que l'émotion est redescendue au bout de quelques minutes, qu'il peut verbaliser et qu'on peut l'aider à mettre des mots sur son ressenti :

Oh ça va mieux. Qu'est ce qui s'est passé ? Est-ce que tu étais triste ? Tu as eu peur ?

Et l'enfant va progressivement apprendre à mettre des mots sur ses ressentis. C'est à ce moment là qu'on peut l'aider à faire le lien entre l'émotion et le contexte et à comprendre le besoin non assouvi qui était à l'origine de l'émotion. mais j'en parlerais plus en détail dans un prochain article. La difficulté pour nous les adultes, c'est de comprendre que derrière ce que nous considérons comme de la colère, il peut y avoir d'autres émotions et que l'enfant protège ses besoins. Et plus l'enfant est petit, plus c'est à nous e décoder quel peut etre ce besoin.

Épilogue

Après quelque séances d'accompagnement parental, Marie connait désormais beaucoup mieux les mécanismes qui la mènent, elle et sa fille, à des situations qui finissent mal. Ce matin, elle est pressée. Elle a peur d’être en retard, comme souvent. Elle dit à sa fille de venir s'habiller, mais la petite refuse. Elle veut finir de coiffer sa poupée. Elle lui demande de se dépêcher, et voyant que sa fille n'obéit pas, elle sait que c'est elle qui doit changer de stratégie rapidement, pour éviter de courir à la catastrophe. Alors elle prend deux minutes pour réfléchir, prend la poupée, et avec une toute petite voix, fait parler la poupée qui s'adresse à sa fille :

"maman, maman, finis vite de me coiffer, je dois aller chez ma nounou ce matin, et toi, tu ne dois pas être en retard"

Et ce matin là, tout le monde est arrivé à l'heure...

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Comment lui faire comprendre ?

Combien de fois ai-je entendu cette phrase ? Dans mes accompagnements parentaux ou formations professionnelles, je rencontre souvent des adultes préoccupés par un seul et même objectif : Faire comprendre à l'autre leur point de vue. Et j'avais envie, pour faire suite à mon précédent article (à retrouver ici...), de vous donner mon point de vue à ce sujet.

Comprendre, pour quoi faire ?

Ainsi, il m'arrive souvent dans ma pratique, de rencontrer des adultes désireux de transmettre un certain nombre de principes aux enfants, au nom de l'éducation. Une éducation, qui consisterait à faire comprendre à l'enfant que ce qu'il est est mal et que s'il faisait autrement, ou s'il cessait de faire ce qu'il fait, ce serait beaucoup mieux. Quel adulte n'a jamais essayé de faire comprendre à son enfant qu'il ne faut pas taper, qu'il faut dire bonjour, que faire un caprice (ou du moins, ce qu'il identifie être un caprice), ce n'est pas bien ? Tout se passe comme si le véritable objectif était de faire comprendre notre point de vue à l'enfant afin qu'il y adhère. Alors qu'en réalité, l'objectif et tout autre...

 

Cette volonté de "faire comprendre" à l'enfant repose sur une croyance très ancrée dans notre société selon laquelle, parce que l'enfant va comprendre que ce qu'il fait n'est pas adapté, il va cesser de le faire. Donc on va chercher à éteindre le comportement indésirable avec le secret espoir qu'un jour, seuls les comportements adaptés subsisteront. et pour cela, on va employer des méthodes plus ou moins efficaces (et plutôt moins, en général, d'ailleurs...), pour atteindre cet objectif.

 

La deuxième croyance qui sous-tend cette façon de faire, c'est de penser que l'enfant va trouver de lui-même comment remplacer un comportement inadapté par un comportement plus adéquat.

 

et il faut bien avouer, que ces façons de s'y prendre sont bien souvent parfaitement improductives, poussant les adultes à plus de sévérité, de colère, voire d'impuissance.

 

Pour illustrer mon propos, je vais vous raconter l'histoire du petit Tom, 6 ans, qui, malgré son jeune âge, a déjà compris beaucoup de choses...

 

Il ne faut pas faire pipi dans la cour !

Tom a donc 6 ans, et vient d'entrer au CP. Un matin, il arrive à l'école, et quelques minutes après son arrivée, alors qu'il n'est pas encore entré en classe et joue encore dans la cour, voila que lui prend une farouche envie de faire pipi. Il se dirige donc vers les toilettes, situées dans un petit cabanon dans la cour. Pas de bol, sa maitresse n'est pas encore arrivée, et c'est elle qui a les clefs du petit cabanon des toilettes fermées à double tour. Tom patiente, jusqu'au moment, où, n'y tenant plus, il se cache derrière un arbre et fait pipi dans la cour de l'école.... Et là , la maitresse arrive, voit le petit garçon et le punit pour avoir fait pipi dans la cour.

 

Quelques jours plus tard, je rencontre ce petit garçon qui me raconte sa mésaventure. Et je lui dis :

 

"Je sais Tom, que tu as compris que c'était sale de faire pipi dans la cour, alors pourquoi l'as-tu fait ?"

- "Ben tu sais, j'avais très envie, et les toilettes étaient fermées à clef, alors je n'avais pas le choix. "

-"Bon, et donc, tu as été puni. Comment comptes tu t'y prendre la prochaine fois ?"

- "Ben je referai pareil, tu comprends, une grosse envie de faire pipi, ça peut pas attendre !"

 

Cet exemple illustre très bien comment nous, les adultes, nous appliquons à essayer de faire cesser les comportements indésirables. Et au passage, comment une punition peut s'avérer parfaitement inefficace. Du point de vue de la maitresse, on peut comprendre aisément qu'elle tente de faire comprendre à cet enfant qu'il ne fallait pas faire pipi dans la cour, que c'était sale, et tout un tas d'autres choses. Et comme je le disais, nous avons tous tendance à faire cela. Mais c'est bien mal connaitre les mécanismes d'apprentissage des enfants... Et de tous les humains d'ailleurs....

Et si on essayait l'empathie ?

En effet, derrière l'idée de faire comprendre à l'autre qu'il doit se comporter de la façon dont nous pensons, il se peut très vite que nous glissions vers une relation de pourvoir sur l'autre. Avec l'idée, que nous, nous savons ce qui est bon pour lui et que lui, visiblement, ne le sait pas. Et aussi l'idée, que nous avons raison de penser comme nous pensons, parce que nous, nous savons. Or, comme je le dis souvent, personne n'a raison ou tort de penser ce qu'il pense, de faire ou de ne pas faire ce qu'il fait, mais tout le monde a DES raisons. En effet, il est toujours plus efficace d'écouter le ^point de vue de l'autre, afin de comprendre ce qui l'a amené à faire ce qu'il a fait, et d'explorer avec lui comment il pourrait atteindre son objectif autrement, plutôt que d'essayer de le convaincre de ne pas faire ce qu'il fait.

 

Ainsi, il serait plus efficace, de se mettre à la place de ce petit garçon, et d'essayer de comprendre ce qui l'a amené à faire pipi dans la cour, pour ensuite explorer avec lui les différentes  possibilités qui s'offrent à lui pour assouvir son envie pressante, autrement qu'en faisant pipi dans la cour de l'école.

Comprendre et excuser

Si nous n'avons pas l'habitude d'essayer de comprendre l'autre, les raisons qui le poussent à agir comme il le fait, ou pense comme il pense, c'est parce que dans nos représentations, comprendre, c'est chercher des excuses, et donc, cautionner le comportement. Cette confusion vient de notre système judiciaire, où un auteur de crime va voir sa ligne de défense construite à partir de tout un tas d'éléments qui vont contribuer à lui accorder des circonstances atténuantes, et donc à minimiser sa responsabilité dans l'acte commis, et donc, sa peine...

 

Mais ici, la démarche est toute autre. Il ne s'agit pas d'excuser, mais bien de se mettre à la place de l'autre, pour voir le monde à partir de sa fenêtre à lui. Ce phénomène est d'ailleurs le même entre tous les êtres humains. Il est parfaitement inefficace de dire à un adulte que la punition ( par exemple..) est inefficace, tant qu'il ne l'a pas expérimenté par lui- même. et tant qu'on n'a pas exploré avec lui ce qui le pousse à punir, pour réfléchir à comment il peut atteindre son objectif de façon différente.

Est-il nécessaire de comprendre pour changer ?

Ce que j'observe assez souvent, c'est que ni enfants ni adultes n'ont besoin de comprendre que ce qu'ils font est inadapté, pour changer de comportement. Comprendre est une démarche intellectuelle, alors que le comportement sert un besoin ou un objectif. C'est en expérimentant comment on peut atteindre son objectif, qu'on choisit de remplacer un comportement  par un autre plus efficace. Ce qui distingue un adulte d'un enfant, c'est son expérience. Les adultes ont déjà expérimenté certaines choses et oublient parfois, que c'est parce qu'ils les ont expérimenté qu'ils ont pu en mesurer l'efficacité. Mais aussi qu'ils ont eu besoin de réitérer plusieurs fois des comportements inefficaces pour décider de changer de stratégie.

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Regarde moi quand je te parle !

En fait, j'aurais dû commencer par là. J'aurais dû vous raconter comment toute cette aventure a commencé. C'est en 2009 que j'ai découvert par hasard la communication gestuelle avec les bébés (plus communément appelée Langue des Signes pour bébé). J'avais à cette époque déjà l'envie de travailler dans le domaine de l'accompagnement des familles et des professionnels de l'enfance, et j'étudiais dans ce but la psychologie et les neurosciences  à l'université. Et j'ai donc eu vent de cette approche et eu l'opportunité de participer à une atelier d'initiation à cet outil  pour les petits et leurs parents. Ce qui est drôle, c'est que j'avais étudié la Langue de Signes Française une bonne dizaine d'années plus tôt dans un cadre professionnel, et que j'étais déjà maman d'un bonhomme qui avait 8 ans à l'époque. Et JAMAIS il ne m'était venu à l'idée de signer avec lui. ben oui, il entendait parfaitement bien, et j'avais appris à signer pour communiquer avec les sourds. Quelle bêtise !

 

Je dois dire que participer à cet atelier a été une révélation...J'y ai découvert bien plus que ce que j'étais venue chercher. Et depuis, je me suis formée pour transmettre cette approche, et depuis 6 ans que j'ai commencé, je n'en finis pas de prendre conscience de la richesse de tout ce qu'elle permet... Alors je me décide (mieux vaut tard que jamais...) à partager avec vous mes réflexions. Pour ceux qui ne connaissent pas cet outil, je vous renvoie à sa description, comment ça s'utilise, et à quoi ça sert, ici....Ce dont j'ai envie de vous parler dans cet article, c'est des nombreuses prises de conscience que cet outil m'a permis de faire et comment il s'inscrit naturellement au sein de mes accompagnements familiaux et professionnels...

Un outil pour mieux comprendre bébé

La plupart du temps, quand je parle de cet outil à des non initiés, des gens qui ne connaissent pas ou qui en ont seulement entendu parler, certains pensent au premier abord que la communication gestuelle est au service des parents, et les aide à mieux comprendre ce que vit leur bébé. Quand il crie, pleure, s'énerve, cela peut parfois être déstabilisant et contribuer à faire perdre confiance en soi en tant que parent si on ne parvient pas à l'apaiser. C'est en partie vrai. Quand un enfant s'agite, pleure, crie, Le parent va alors pouvoir mettre en signe ce que le petit ne parvient pas à exprimer autrement faute d'avoir accès au langage oral. Mais pour cela, il va devoir d'abord et avant tout l'observer.... Se poser une certain nombre de questions, telles que :

Qu'est-ce qui se passe pour mon enfant ? Que ressent-il ? Que vit-il ? De quoi a-t-il besoin ? Qu'est ce que je ressentirais si j'étais à sa place ? Qu'est-ce qui me ferait du bien ?

Et vous savez comment ça s'appelle ça ? Ca s'appelle l'EMPATHIE. et plus exactement l'empathie cognitive, donc j'avais déjà parlé  dans l'article "Faut-il laisser pleurer les bébés", que vous trouverez ici. L'adulte qui utilise la communication gestuelle va devoir utiliser ses capacités d'empathie cognitive, pour mettre du sens sur ce qu'il observe de l'enfant dont il prend soin. Il utilise ce que l'enfant lui montre de lui de par son comportement, pour tenter de mettre du sens sur ce qu'il vit et l'aider à le mettre en signes et en mots. Jusqu'à ce que l'enfant à son tour soit capable de mettre en signes ses ressentis...puis un peu plus tard, en mots !

Les prémices de la communication

Ce qui signifie que les signes ne servent pas seulement à l'adulte qui souhaite mieux comprendre l'enfant, mais SURTOUT, il est utile pour l'enfant ! Certains parents ou professionnels que je rencontre me disent parfois qu'ils ne voient pas l’intérêt d'un tel  outil, car ils n'ont jamais eu le sentiment de ne pas comprendre les enfants. Mais se sont-ils interrogés sur le nombre de fois où l'enfant aurait souhaité exprimer quelque chose sans avoir les moyens de le faire ? Ses observations, ses pensées, et bien sûr, ce qu'il souhaite et ressent ?

Une invitation à la cohérence...

Une autre chose que j'ai découvert à propos des signes, c'est que ça nous aide, nous les adultes, à prendre conscience de l'importance de la présence et de la cohérence. Avez vous déjà essayé de parler à quelqu'un en lui tournant le dos ou en faisant autre chose ? Dans le quotidien, il nous arrive de faire plusieurs choses à la fois, et de manquer d'attention vis -à-vis de nos interlocuteurs. Avec les signes c'est plus difficile. C'est une forme de communication qui invite à prendre du temps pour l'enfant, de l'observer, et de s'adresser à lui seul, de façon individuelle. N'est-ce pas là une formidable façon de lui donner toute l'attention qu'il mérite même s'il est entouré de toute une ribambelle d'autres enfants ? 

 

Par ailleurs, cela nous permet d'observer à quel point l'information visuelle, le signe, aide l'enfant dans sa compréhension de notre message oral. On le sait assez peu, mais un enfant avant 5 ans n'a pas les mêmes capacités de compréhension du langage oral que l'adulte. Et les signes vont l'aider en ajoutant une autre entrés sensorielle à l'information orale. Plusieurs personnes m'ont témoigné après avoir découvert cet outil en formation ou atelier à quel point ils avaient le sentiment que l'enfant se montrait plus attentif et réceptif, lorsque le signe accompagnait le mot dans la parole de l'adulte.

 

C'est donc tout naturellement qu'ensuite, ces adultes deviennent plus attentifs à faire coïncider leurs actes avec leurs mots. A montrer l'exemple, à adopter eux-mêmes l'attitude qu'ils souhaiteraient voir les enfants adopter...En ayant conscience que les enfants dès tout petits, étaient davantage sensibles à ce qu'on va leur montrer qu'à ce qu'on va leur expliquer....

Et quand l'enfant parle ?

Quand l'enfant parle, il va progressivement abandonner les signes au profit du langage oral. Sauf si bien sûr on continue de l'utiliser et de signer en lui parlant (ce que peu de personnes font malheureusement). Mais il y a une chose que les signes et l'observation des tout-petits m'ont appris. C'est que ce n'est pas parce qu'on a acquis le langage que l'on peut tout dire. D'ailleurs, nous les adultes, qui maitrisons si bien le langage oral, pouvons nous toujours tout dire ? Et que se passe-t-il quand nous ne pouvons pas nous exprimer ? Que nous n'osons pas ? Que nous ne nous l'autorisons pas ? Et bien ce qui ne peut pas se dire se met en acte. Et oui ! Cette incapacité à mettre des mots sur nos ressentis, sur nos besoins, s'exprime par notre corps à travers nos comportements ! C'est la raison pour laquelle j'ai tout naturellement enrichi ma pratique en communication gestuelle par des accompagnements qui invitent à observer l'enfant quelque soit son âge, et à tenter de comprendre ce qui le pousse à agir de la façon dont il agit. Non pas pour l'excuser, mais pour lui enseigner une autre stratégie qui lui permette de sortir d'un comportement inacceptable socialement par une meilleure conscience de son propre monde intérieur, et une meilleure connaissance des mécanismes relationnels et émotionnels qui permettent de vivre pleinement. Mais ça, ce sera le sujet du prochain article....

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Quand l'entourage s'en mêle....

Pour ce nouvel article, j'avais envie de vous parler de la difficulté à faire face aux critiques et aux jugements auxquels nous sommes souvent confrontés quand nous sommes parents. Je rencontre souvent des parents confrontés aux remarques pas toujours bienveillantes de leur entourage. Cela va de la voisine, de la belle-mère, des inconnus dans la rue ou de la boulangère... Le comportement de nos enfants suscite souvent de vives réactions, allant du jugement, aux conseils non sollicités. Ce qui contribue souvent à nous faire sentir mal à l'aise, et rarement à nous aider. Alors, comment faire face aux réactions déplacées ?

Pourquoi cela nous met-il mal à l'aise ?

Lorsque nos enfants ne se comportent pas conformément à ce que nous ou la société attendons d'eux, et à fortiori , en public, cela suscite souvent, au mieux, des regards en coin réprobateurs, des soupirs lourds de sens, voire des remarques carrément désobligeantes, du genre "Cet enfant est capricieux !",  "Y'a des fessées qui se perdent !", "Ben voilà, encore un enfant roi !"ou encore "Qu'est ce que ça sera quand il aura 15 ans, vous allez vous faire bouffer !". Difficile alors de ne pas se sentir jugés en tant que parents, surtout que justement en tant que parents, nous sommes responsables de l'éducation de nos enfants, et donc, tout mauvais comportement de leur part est perçu comme une faille dans l'éducation que nous leur donnons. Face à ces réactions, nous nous sentons mal à l'aise, en particulier si nous nous attribuons l'entière responsabilité du comportement de nos enfants. Et plus nous prenons notre rôle à cœur, plus cela devient le reflet de nos propres manques éducatifs. Par ailleurs, si ces remarques nous atteignent à ce point, c'est aussi parce qu'elles mettent l'accent sur ce que nos enfants font de "mal". Elles appuient sur l'endroit où notre enfant n'est pas conforme à cette image d'Épinal d'enfant idéal, qui reste assis sans bouger, est poli, ne se roule pas par terre pour un oui ou un non, et reste parfaitement propre du matin au soir... Un enfant de papier glacé, quoi... Mais qui n'existe que peu dans la réalité. Ces remarques mettent en lumière ce qui est perçu comme nos propres carences en matière d'éducation, et ne nous aident pas à trouver un moyen d'agir de façon plus efficace. Elles sont donc rarement aidantes.

On peut y voir ici le résultat de l'éducation que beaucoup d'adultes ont reçue, qui insiste sur la répression ou le jugement de ce qui est perçu comme un mauvais comportement, et qui n'enseigne nullement comment agir de façon plus adaptée..Encore une bonne raison de réfléchir à ce que nous voulons pour nos enfants.

La culture du jugement

En effet, beaucoup d'adultes jugent, lorsqu'ils sont confrontés à quelque chose qui rentre en conflit avec leurs représentations de ce qui "devrait être", de "ce qui est normal", à leurs yeux...Difficile d'y échapper quand dans notre culture, on apprend aux enfant ce qui est bien ou mal, ce qui est bien ou pas bien, etc....

On a coutume de dire qu'un jugement ne parle QUE de celui qui l'émet. C'est ce que je lis assez souvent. Et je dois dire que je ne suis pas totalement d'accord avec ça. Pour moi, dans une relation, on est au minimum deux, et chacun a une responsabilité dans ce qu'il suscite chez l'autre. Et il me semble important d'avoir cela en tête pour pouvoir faire face aux critiques et gérer ce genre de relations de façon constructive.

En effet, derrière le jugement, il y a toujours une émotion. Et derrière toute émotion, il y a un besoin qui n'est pas entendu. Quelqu'un qui critique le comportement de notre enfant, est confronté à un comportement qui rentre en conflit avec ses valeurs - ce qui peut générer chez lui la peur de s’être trompé, le dérange - ce qui peut générer de la colère, ou génère de la peur pour nous. Oui, vous avez bien lu, c'est souvent le cas dans notre famille, quand on est critiqués sur l'éducation qu'on donne, c'est souvent par peur qu'on perde le contrôle et que nos enfants en grandissant nous marchent sur la tête (c'est souvent le cas quand notre comportement est perçu comme laxiste). Donc, l'intention est plutôt bienveillante, même si la forme laisse à désirer...

Un émotion a toujours une cause...

Comme nous l'avons vu, un comportement génère donc pour celui qui y assiste une émotion. Mais le comportement de notre enfant en est rarement la cause... C'est plutôt le déclencheur. La cause de cette émotion, c'est l'interprétation que notre interlocuteur se fait de la situation. Et c'est la même chose de notre côté. Si nous ne pouvons pas agir sur le jardin du voisin, nous pouvons agir sur notre part de responsabilité dans la relation. En effet, si nous nous sentons mal à l'aise face aux critiques, si nous nous sentons jugés, c'est parce que les remarques que nous recevons peuvent aussi faire écho à notre propre ressenti. Beaucoup de parents, et encore plus des jeunes parents, n'ont pas confiance en eux. La confiance en soi est liée à nos expériences, à la façon dont nous gérons les difficultés, nos réussites et nos faiblesses. Donc pour nous sentir confiants en tant que parents, nous avons besoin d'expérimenter que les stratégies éducatives que nous employons nous permettent d'atteindre nos objectifs éducatifs. Or, dans les moment où nous sommes confrontés à des comportements inadaptés de nos enfants, c'est précisément le moment où cette confiance est mise à mal.

Comment transformer une critique en expérience constructive ?

Nous avons pourtant le pouvoir de transformer une remarque désobligeante en expérience constructive pour nous. D'abord, en prenant soin de l'émotion que ces remarques suscitent chez nous. Ce n'est pas facile bien sur, nous sommes tentés de répondre par l'agressivité à ce que nous percevons comme une attaque personnelle de nos compétences parentales. Ou de nous faire tout petits tellement cette impression de mal faire nous fait ressentir de la honte. Pourtant, accueillir les émotions de notre interlocuteur, peut contribuer à l'apaiser et le transformer en allié précieux !

Brigitte a 40 ans. Elle a deux filles, de 4 ans et 18 mois. Un matin, elle est pressée, doit partir au travail et passer à la garderie déposer sa petite dernière, alors que la grande est partie à l'école avec son papa. La petite s'est mal réveillée, elle s'est sentie bousculée par le rythme du matin, a bu son biberon à la va-vite, bref, elle est grognon. Brigitte la met dans sa poussette et monte dans le bus qui les mène à la garderie. Et la petite se met à hurler. Et c'est parti pour les regards de travers....Mais Brigitte ne se laisse pas impressionner. Elle est gênée, bien sûr, mais elle prend sur elle et ne sait pas comment apaiser sa fille. Alors elle s'adresse aux passagers du bus qui la dévisagent :


"Je suis désolée, j'imagine que les cris de ma fille doivent vous importuner, elle est fatiguée, a mal dormi, et je dois l'emmener à la garderie. Je descends dans quelques arrêts et je vous remercie d'avance de votre patience...Elle n'a que 18 mois"

Et là, d'un seul coup, les choses s'inversent. Les regards réprobateurs se remplissent de compassion, et une dame s'approche de la fillette :

"Pauvre petite, c'est difficile pour toi, ce matin, tu aurais bien aimé rester à la maison et tu as dû te dépêcher pour aller à la garderie. Tiens, je crois que j'ai un petit quelque chose pour toi"

Et la dame sort un jouet de son sac à main. La petite se calme instantanément. Le dialogue s'engage alors entre les deux femmes et le reste du voyage se passe bien.

Cette expérience nous montre que nous avons le pouvoir de ne pas nourrir l'agressivité de l'autre et de la transformer. Mais en effet, cela implique d'avoir la capacité de mettre notre propre émotion à distance, du moins temporairement. Cela ne nous prive pas par la suite, de nous interroger par nous mêmes, sur la véritable cause de cette émotion. Comment ne pas être submergés par cette émotion, si ce n'est en l'écoutant ? D'où vient ce sentiment d'incompétence, qui nous a mis si mal à l'aise, et qui a suscité une telle réaction de notre entourage ? Comment développer notre confiance en tant que parents ? Comment agir la prochaine fois, pour éviter de nous sentir démunis devant ce comportement qui a suscité autant de réactions négatives ? Et si nous profitions de cette expérience pour nous améliorer ?

Et si la bienveillance se propageait ?

Ne serait-il pas plus agréable pour tous, de recevoir soutien et attention bienveillante ? Combien d'entre nous répondons à l'agressivité par l'agressivité, subissons en silence, ou ressentons de la honte dans ces moments là ? L'empathie émotionnelle, cette capacité à comprendre les raisons d'une émotion derrière l'émotion (j'en ai déjà parlé ici ), s'applique tout autant aux adultes qu'elle s'applique aux enfants. Car à l'intérieur de tout adulte qui juge, il y a un enfant meurtri, qui n'a pas reçu écoute et prise en compte de ses besoins. Il n'y a pas d'âge pour les recevoir. Et recevoir de l'empathie, peut permettre aux adultes de s'ouvrir à leurs propres sensibilités, et ainsi à celles de nos enfants.  N'oublions pas qu'une réelle écoute et présence à l'autre n'a pas d'objectif pour soi. Elle peut être l'occasion pour l'autre de s'ouvrir, mais ne doit pas devenir un enjeu ou un outil de manipulation. Ça ne fonctionnera peut-être pas à chaque fois. Mais je crois quand même, que cela vaut la peine d'essayer...

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Faut-il laisser pleurer les bébés ?

A la lecture de mon précédent article (à retrouver ici, pour ceux qui l'auraient manqué...), certains parmi vous m'ont interpellée sur la nécessité de laisser pleurer les bébés afin de leur permettre de se libérer des tensions de la journée et de trouver le sommeil. Et ça tombait plutôt bien, puisque j'étais déjà en train de travailler sur l'article d'aujourd'hui, qui traite justement de ce sujet. A croire que certains parmi vous lisent dans mes pensées. Il est vrai qu'aujourd'hui on entend pas mal d'avis contradictoires sur le sujet Entre ceux qui pensent qu'"il ne faut pas laisser pleurer les bébés", au risque de leur provoquer des traumatismes et ceux qui pensent qu'"à trop consoler un bébé, on en fait un capricieux", il est difficile de ne pas y perdre son latin (quoique le latin est déjà en train de se perdre dans notre pays, mais ça c'est un autre débat... ;-)).

J'avais donc envie aujourd'hui de vous parler de ce sujet afin de vous donner mon avis, et quelques pistes qui,  je l'espère, vous permettront d'y voir plus clair sur le sujet.

Pourquoi bébé pleure-t-il ?

La plupart du temps, les bébés pleurent pour manifester un besoin. La faim, la soif, une douleur ou un inconfort. C'est le seul moyen d'expression dont dispose le bébé pour attirer l'attention de l'adulte dont, rappelons le, il est totalement dépendant dans les premières années de sa vie. Cela dit, avant de pleurer, si on est attentifs, on peut rapidement apprendre à repérer un certain nombre d'expressions du visage ou d'attitudes corporelles, que le bébé va adopter et qui permettent de le comprendre. Un bébé qui a faim va chercher le sein, un bébé qui  a mal au ventre va se tortiller et faire la grimace. Les pleurs arriveront dans la continuité de tous ces comportements si l'adulte n'est pas réceptif à tous les signaux précédemment envoyés. Mais ils seront absents si l'adulte répond aux besoins dès les premières manifestations non verbales de l'enfant.

Pour ce qui est des troubles somatiques, type coliques, maux de têtes ou encore RGO, je ne saurais trop vous conseiller de vous rapprocher d’un bon ostéopathe, qui saura examiner votre bébé et l'aider à se libérer de tensions corporelles qui contribueront sans doute à l’apaiser.

Il peut arriver également que certains bébés pleurent la nuit, entre deux cycles du sommeil. Exactement comme nous, les adultes, qui entre chaque cycle avons des micro-réveils pendant lesquels on se retourne dans notre lit, pour enchainer sur le cycle suivant, certains bébés pleurent quelques minutes avant de se rendormir pour le cycle suivant. Ils ne sont alors pas réveillés et n'appellent pas, et si on intervient, on risque alors d'interrompre le passage au cycle suivant et de perturber leur sommeil.

Il en va de même pour certains bébés qui s'endorment au sein ou dans les bras de leurs parents, et qui sont déposés ensuite dans leur lit. Lorsqu'ils se réveillent dans la nuit, ils ne reconnaissent pas l'endroit, où ils se sont endormis ni les circonstances, et se sentent alors perdus. Un peu comme nous si nous nous endormions dans notre lit et nous réveillions dans la salon, sans comprendre comment on est arrivés là...

Et effectivement, comme certains l'ont souligné, certains bébés ont besoin de pleurer pour libérer leurs tensions avant de se laisser aller dans le sommeil. Mais j'y reviendrai un peu plus tard....


Quand bébé pleure "beaucoup"

Ceci étant dit, certains bébés pleurent plus que d'autres. En moyenne, un nouveau né pleure environ deux heures par jour. Et comme c'est une moyenne, certains bébés pleurent moins, d'autres plus, sans que cela soit le signe d'un problème. Toute la question est donc de savoir quand il est nécessaire de s'inquiéter. Et là, j'ai déjà envie d'éclaircir un point essentiel :


UN BÉBÉ NE FAIT PAS DE CAPRICE


Non, jamais. Ni même un enfant d'ailleurs. Pas plus qu'un adulte. Que les choses soient claires, les caprices n'existent pas. Mais ça aussi j'y reviendrai. Donc, si un bébé pleure, c'est qu'il y a une raison. La seule façon de savoir si votre bébé pleure beaucoup est de se fier à votre ressenti. Car la question n'est pas de savoir si objectivement il pleure beaucoup, mais de savoir jusqu'où vous, vous supportez ses pleurs. Et si effectivement, cela vous parait lourd, anormal, alors je vous invite fortement à vous écouter, et à écouter votre bébé.

Entre BABI et baby blues...

Outre les raisons évoquées plus haut qui pourraient expliquer les pleurs de votre bébé, il peut arriver que certains bébés soient prisonniers de ressentis émotionnels perçus pendant la grossesse ou pendant la naissance. Ainsi, certains bébés, perçus d'abord comme des Bébés Aux Besoins Intenses (couramment appelés BABI), sont en réalité aux prises avec des émotions dont ils ne savent que faire ou qui ne leur appartiennent pas. Donc si les pleurs vous paraissent excessifs, si vous avez eu une grossesse difficile, un accouchement compliqué ou non conforme à vos attentes, je vous encourage fortement à consulter avec votre bébé, un kinésiologue, un professionnel de la communication connectée ou de la Parole au bébé, qui pourra vous aider à comprendre ce qui se passe et vous donnera des clés pour gérer au mieux la situation.

Accompagner les pleurs de son enfant...

Une fois tous ces facteurs pris en compte, si vous ne comprenez toujours pas pourquoi votre bébé pleure, il est probable alors qu'il s'agisse de pleurs qui permettent de libérer bébé de ses tensions. Et c'est là que ça se corse. En effet, les derniers travaux en neurosciences montrent qu'une bébé qu'on laisse pleurer, va ressentir du stress et que sont cerveau va sécréter du cortisol, dont les effets seront délétères pour ses neurones en construction. Mais que les choses soient claires, ce ne sont pas les pleurs de l'enfant qui lui font ressentir du stress. Mais le ressenti émotionnel qui y est associé. En effet, si l'enfant a BESOIN de pleurer pour se libérer de tensions accumulées dans la journée, vouloir le consoler à tout prix est parfaitement contre-productif et ne répond pas à son besoin, qui est justement, celui de pleurer ! Ces pleurs là sont en général ceux qu'on appelait autrefois "les pleurs du soir". Ceux qui arrivent en fin de journée, quand bébé commence à fatiguer des nombreuses sollicitations et stimulations qu'il a subi dans la journée. Il est donc nécessaire qu'il les exprime. Et ce qui va avoir un effet délétère sur la construction de son cerveau, ce ne sont pas ces pleurs, mais la façon dont ils seront reçu ou non, par l'adulte. L'enfant a à ce moment besoin de notre empathie. Il n'a pas besoin qu'on arrête ses pleurs, mais au contraire qu'on les accueille comme étant légitimes.

Prendre son bébé dans ses bras, le mettre tout contre soi dans une écharpe de portage, ou le maintenir dans une position contenante peut participer à accompagner votre bébé. Comme vous le voyez sur la photo ci-contre, soutenir la tête de votre bébé, rassembler ses mains et ses jambes sur son ventre, respirer calmement et lui parler d'une voix douce peut lui permettre de se sentir en sécurité et de pleurer autant que cela lui sera nécessaire avant de retrouver son calme.

Empathie bien ordonnée commence par soi-même...

Toute la difficulté de l'exercice réside dans notre propre capacité d'empathie. Or, l'empathie comporte plusieurs dimensions. L'empathie affective, qui consiste à être sensible aux pleurs d'un bébé et de vouloir y répondre (j'entends que bébé pleure et je veux lui venir en aide). L'empathie cognitive, qui consiste à comprendre ce qui provoque les pleurs du bébé, et donc, aide à y répondre ( je comprends pourquoi le bébé pleure). Et enfin, la capacité de se mettre émotionnellement à la place de bébé (je comprends pourquoi il pleure, parce que moi, à sa place, et dans cette situation, je pleurerai aussi...). Et c'est là que ça devient complexe et subtil. Complexe, parce qu'à cause de préjugés à la dent dure, nous sommes nombreux à ne pas avoir été consolés quand nous étions bébés. A la place d'un "si j'étais à ta place, je pleurerais moi aussi", nous avons plutôt reçu des "arrête tes caprices", "tu ne vas pas pleurer pour si peu", "je ne vais pas le prendre dans le bras sinon, il va devenir capricieux", et j'en passe.... Il peut alors nous être difficile de reconnaitre comme légitimes les débordements émotionnels des tout petits.


Par ailleurs, s'il est essentiel d’être sensible aux pleurs de nos petits, il est primordial de savoir que si ces pleurs nous déstabilisent, que nous nous sentons démunis face à eux, si nous touchons du doigt notre impuissance à les faire cesser, alors il est primordial de changer de stratégie.

Entre empathie et contagion émotionnelle...

En effet, l'empathie dans toutes ses dimensions, implique d'être sensible à la détresse de l'autre, de la sentir en soi, mais de ne pas la confondre avec la sienne. En effet, si les pleurs de votre bébé vous attristent, vous fendent le coeur, vous déstabilisent au point que vous n’êtes pas capable du moindre recul, c'est alors le signe que vous ne pouvez pas l'aider. Ou du moins pas maintenant. Ou pas directement. 

Faire son possible pour soulager les pleurs de son bébé sans succès peut vous mettre en contact avec tout un tas d'émotions particulièrement délétères, sinon pour vous ou votre bébé en tout cas pour la relation. En effet, vous pouvez finir par vous sentir impuissant(e), en colère, profondément attristé(e) voire nu(le) en tant que parents. Et tous ces ressentis peuvent vous conduire à la violence envers votre enfant ou vous mêmes.

Il est donc indispensable, au moment où vous ressentez tout cela, que vous cessiez de faire ce que vous faites. Si vous êtes seul(e), posez votre bébé dans son lit, dites lui que c'est trop pour vous et que vous allez prendre un moment pour vous et que vous revenez. Et quittez la pièce. Allez boire un verre d'eau fraiche, respirer un bol d'air. N'importe quoi qui peut vous permettre de vous aider à vous libérer de ces émotions qui vous empêchent d'agir de façon efficace. Si vous avez quelqu'un à proximité, passez le relais. Votre conjoint(e), un(e) ami(e), la voisine, etc... Quelqu'un qui pourra agir de l'extérieur et pourra faire profiter de sa sérénité à votre bébé.

Car un bébé a besoin de pouvoir s'appuyer sur un adulte sécurisant pour utiliser sa capacité à réguler son émotion et réguler la sienne. Constater que sa propre détresse déclenche la votre peut contribuer à le mettre encore plus en insécurité et risquera de vous entrainer dans un cercle vicieux particulièrement destructeur. Lui permettre de se libérer de son émotion auprès d'un autre adulte, et vous permettre de prendre du recul pour revenir plus serein dans la relation, est une des plus belles leçons que vous pourrez lui enseigner.

En conclusion

Les pleurs de bébé sont un comportement. Et tout comportement est un langage. Apprendre à décoder les pleurs de son bébé, y répondre de façon adaptée, prend du temps. Savoir quand intervenir et comment intervenir, est une tâche bien difficile. Le rôle de parent est un des plus difficiles qui soit. Nous avons le droit à l'erreur. Votre bébé ne Vous en voudra jamais de ne pas comprendre tout de suite de quoi il a besoin. Par contre, il sera indéniablement sensibles à tous les efforts que vous ferez pour mettre du sens sur ses pleurs, et à y répondre de façon adaptée. Il ne vous en voudra jamais de le laisser pleurer un moment seul, si c'est pour le protéger de votre impuissance et de votre violence. Il sera sensible à votre capacité à reconnaitre votre humilité, qui vous poussera à accepter vos limites et à passer temporairement le relais, pour qu'il puisse s'appuyer sur un adulte contenant qui l'aidera à s'apaiser pendant que vous ferez de même. Votre bébé n'a pas besoin de votre perfection. Il a besoin de votre authenticité d'être humain, pour reconnaitre et apprivoiser la sienne.

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Mon enfant ne veut pas dormir

Le sommeil de l'enfant est une question qui revient souvent dans les préoccupations des jeunes parents et des professionnels. Il m'a donc semblé utile d'écrire un article sur le sujet. Les dernières découvertes en neurosciences permettent une meilleure compréhension de la façon dont l'enfant acquiert la faculté de passer des nuits paisibles et permet de trouver un positionnement adapté de la part des adultes. Autant vous le dire tout de suite, pour qu'un enfant accepte d'aller se coucher, et s'endorme paisiblement, IL N'Y A PAS DE RECETTE.  Aucun enfant ne ressemble à un autre, et aucune famille ne se ressemble. Non, désolée, pas de recette magique. Mais néanmoins j'espère que les quelques informations et pistes de réflexion de cet article, vous permettront de comprendre ce qui se passe pour VOTRE enfant, et de l'accompagner au mieux. Je vous invite donc à lire ce qui va suivre et à voir, si certains passages de ce qui y est décrit pourrait correspondre à ce qui se passe pour vous ou votre enfant.

Cet enfant qui doit apprendre à dormir seul

Passés les premiers mois, et dans un délai finalement assez court, beaucoup d'adultes sont unanimes. Un enfant DOIT apprendre à dormir seul. Cette injonction, signifierait, que la capacité d'un enfant à s'endormir serait le résultat d'un apprentissage, dans le quel l'adulte jouerait un rôle prépondérant. Et que cette capacité acquise serait le signe d'une "bonne éducation".

 

Devant un tel constat, je m'interroge sur ce qu'on entend, par le mot "seul". La capacité à 's'endormir seul", signifie-t-elle "de façon autonome, et dans la sécurité", ou "en ayant compris qu'au delà d'une certaine limite, il ne doit plus déranger les adultes, sauf en cas de problèmes, dont la gravité sera évaluée par ces mêmes adultes ?".  Si cette question mérite d’être posée c'est parce que vous imaginez bien que la réponse qui y sera apportée, n'aura pas du tout le même impact sur l'enfant et l'adulte qu'il deviendra. Et j'ose espérer, que pour la plupart d'entre nous,  derrière l'expression "s'endormir seul",  c'est bel et bien le premier sens vers lequel nous tous, souhaitons accompagner les enfants....

 

Partant donc de ce postulat, je vous propose donc que nous réfléchissions un peu à la notion d'autonomie...

Acquérir l'autonomie dans le sommeil

L'autonomie est un processus NATUREL (oui, oui, vous avez bien lu, NATUREL), qui s'acquiert progressivement, sur la base d'un solide sentiment de sécurité. Et ce solide sentiment de sécurité, se construit sur la base d'une réponse adéquate des adultes aux besoins de l'enfant concerné. Et dans ce domaine, tous les enfants n'ont pas les mêmes besoins. L'autonomie se construit par des phases d'alternance entre la proximité et l'exploration. Et ce, dès la naissance. On observe dans les premières interactions mère enfant que le bébé est capable de regarder sa mère qui le regarde et qu'à certains moments il détourne le regard pour regarder autre chose. C'est par cette alternance, qu'il mène le rythme de la relation.

 

Certains bébés, sont capables de dormir seuls dans leur chambre dès la naissance. D'autres ont besoin de la présence de l'adulte, et surtout de leur mère. Partir du postulat qu'"un enfant peut/ne peut pas, doit/ne doit pas dormir avec ou sans la présence d'autrui" relève d'une généralité purement théorique et ne reflète pas forcément la réalité de ce qu'il se passe pour VOTRE ENFANT. Par ailleurs, partir du principe qu'il ne PEUT pas le faire, et le prendre dans sa chambre sous prétexte qu'il en a besoin de fait, peut lui envoyer le message implicite qu'il n'est pas capable de s'endormir seul, et du coup, l'induire dans la relation. 


Le cododo, pour ou contre ?

Ainsi, Il est préférable d'être à l'écoute de VOTRE enfant et de le laisser vous guider. Si votre enfant est couché dans sa chambre loin de vous et qu'il se réveille souvent, et que cela commence à vous peser, je vous encourage vivement à vous poser la question de VOTRE confort. Parce qu'il est préférable qu'un enfant dorme avec ses parents, plutôt qu'il passe par la fenêtre, ou qu'il soit contraint de vivre avec des parents épuisés, qui se trainent toute la journée, à cause d'une manque de sommeil chronique. 

 

Par ailleurs, certains parents ont besoin/envie de dormir près de leur enfant, et d'autres trouvent cela particulièrement inconfortable. Il n'y a donc pas de règle, l'essentiel à mon sens, étant d’être au clair sur les raisons qui me pousse à dormir avec ou sans mon enfant et aux besoins de qui ça répond.

 

Sachez que si notre culture nous encourage plutôt à dormir séparément entre adultes et enfants, certaines familles choisissent de dormir tous dans la même chambre sans que cela ne pose le moindre problème. Et dans d'autres pays, comme en Asie ou certains pays du norme, le cododo est la norme éducative.

Le cododo dans les règles de l'art....

Néanmoins, si vous faites le choix de faire dormir dans votre chambre (ce que l'OMS préconise par ailleurs les 6 premiers mois), il convient de respecter un certain nombre de règles de sécurité). L'UNICEF a d'ailleurs édité un guide à destination des parents qui font ce choix, que vous pouvez télécharger gratuitement ici

Néanmoins si vous prenez cette décision, il me parait important que vous preniez en compte plusieurs éléments. Il est indispensable que ce soit un choix partagé par les parents, préparé, c'est à dire avec un couchage adapté, y compris et SURTOUT si c'est occasionnel). Et ce qui me parait le plus important, c'est que vous soyez préparés à l'idée que c'est un choix qui vous engage sur plusieurs années. Ce ne sera pas forcément le cas, mais j'observe que certaines familles font ce choix pour leur premier enfant et se retrouvent en difficulté quand un autre enfant parait, et que ceux ci n'ont légitimement pas l'énergie/ l'envie/ la disponibilité suffisante, pour rester à côté de leur enfant jusqu'à ce qu'il s'endorme. C'est d'ailleurs la même chose si l'enfant, en dehors du cadre d'un cododo à proprement parler, a appris à s'endormir avec son parent près de lui ou dans les bras de ce dernier...

A la bonne heure !

S'il n'y a pas de recette pour qu'un enfant s'endorme, il est néanmoins important de respecter certaines règles. On a souvent tendance, lorsque l'enfant est petit, à le coucher dès lors qu'il nous semble fatigué. Et ensuite, un peu plus tard, à instaurer un "rituel du coucher", dont je parlerais un peu plus loin, et de coucher l'enfant toujours à la même heure. Pour favoriser l'endormissement, c'est effectivement important. Néanmoins, les rythmes des enfants se doivent d'être respectés, et il  sera préférable de coucher l'enfant dès les premiers signes de fatigue (celui où l'enfant se frotte les yeux par exemple...), et ce, quelque soit l'heure. Et donc de continuer à s'adapter à son rythme. En effet, si on manque le début du premier cycle du sommeil, il faudra alors attendre le début du cycle suivant pour espérer que l'enfant s'endorme., c'est à dire 1h30 ou 2 heures plus tard. Par ailleurs, les neurosciences ont montré qu'autour de l'age de deux ans, on observe chez l'enfant une modification de la production de la mélatonine, qui "décale" l'heure physiologique de l'endormissement plutôt aux alentours de 22 heures. Ceci variant en fonction des activités de l'enfant pendant la journée, ou des émotions qu'il a traversées....

Pourquoi je veux qu'il dorme ?

Ceci étant posé, il est donc primordial, en tant que parents, de se poser la question, de "pourquoi je veux que mon enfant aille dormir" ? Est ce que c'est parce que j'ai peur qu'il soit fatigué le lendemain ? Est ce que c'est parce qu'on m'a fait des remarques sur le fait qu'il mettait du temps à s'endormir et que ça me remet en cause l'éducation que je lui donne ? Encore une question qui mérite qu'on se la pose, parce que c'est de la réponse à ces questions que vont découler les réponses. Par exemple, s'il me tarde que mon enfant dorme parce que j'ai besoin de temps pour profiter de ma soirée avec mon conjoint (ou sans, d'ailleurs...), alors je confonds le problème et la solution. En effet, je peux tout à fait profiter de ma soirée si j'indique à mon enfant qu'à partir d'une heure que j'aurais définie, je ne serais plus disponible et qu'il pourra jouer dans sa chambre et se coucher quand IL se sentira fatigué. Laisser à l'enfant SENTIR ses premiers signes de fatigue et lui permettre de CHOISIR le moment de son coucher, pourra s'avérer très utile, si l'enfant en question est en pleine conquête de son autonomie.

Le rituel du coucher : le grand malentendu

J'entends souvent parler de l'importance de la mise en place d'un rituel du coucher, dans le but de rassurer l'enfant et de favoriser son endormissement. Il s'agit de mettre en place une série d'actions, toujours les mêmes, qui amèneraient progressivement l'enfant à s'apaiser et à passer d'une phase active à une phase plus calme, favorisant son endormissement. Pour moi, le rituel du coucher est en effet important. Mais je le place au même titre que ce que j'appelle les routines, c'est à dire toutes ces petites choses qui se succèdent et se répètent chaque jour, et permettent à l'enfant de se situer dans le temps et d'acquérir des automatismes.

 

Par contre, il me semble qu'il y a un gros malentendu au sujet de ce rituel particulier/ Je rencontre beaucoup de familles, qui s'appliquent à faire un rituel du coucher très codifié, fait de chansons, histoires, et autres calins, et se retrouvent complètement dépités lorsque l'enfant les rappelle, se relève, bref, ne s'endort pas, comme ils l'espéraient. En réalité, si je ne nie pas l'importance de ce rituel, j'aimerais attirer votre attention sur l'INTENTION qu'on y met. Nombreux sont les parents qui font ce rituel dans l'espoir qu'ensuite, l'enfant va s'endormir paisiblement et qu'ils pourront enfin consacrer du temps à autre chose. Sauf que l'enfant, n'est pas idiot. Il comprend très vite, qu'on attend de lui, qu'après l'histoire, la chanson, ou autre, il s'endorme. L'enfant  peut donc repérer rapidement que l'heure du coucher est proche, et se mettre à angoisser à l'idée de ce qui l'attend, et se montrer peu coopérant.  Il est donc préférable de signifier à l'enfant qu'on est disponibles pour lui, et de faire un rituel du coucher qui soit réellement nourrissant pour l'un comme pour l'autre. Ainsi l'enfant sentira son parent pleinement disponible et n'aura aucun mal, à se laisser aller dans le sommeil, avec la certitude que son parent sera disponible pour lui en cas de problème.

Encore un très joli dessin de Mathou, du blog "Crayon d'humeur".... Cliquez sur l'image pour aller le visiter...
Encore un très joli dessin de Mathou, du blog "Crayon d'humeur".... Cliquez sur l'image pour aller le visiter...

Aider l'enfant à apprivoiser ses peurs

S'endormir pour l'enfant, qui plus est seul dans sa chambre, implique d'apprivoiser la solitude et de surmonter ses peurs. C'est donc encore une fois, une histoire d'autonomie.Outre le fait que l'autonomie soit un processus naturel et progressif, il implique un positionnement adapté de l'adulte. En effet, l'autonomie ne s'acquiert pas seul. En matière de sommeil, c'est en aidant l'enfant à surmonter SEUL ses peurs, qu'il peut progressivement apprendre à les apprivoiser, pour finalement les dépasser. Et c'est par le soutien des adultes, qui l'accompagnent vers une solution adaptée, que l'enfant acquiert la confiance pour traverser cette étape. Lorsque mon fils avait environ 6 ans, je l'avais emmené voir au cinéma un très joli film d'animation dont vous trouverez la bande annonce en fin de cet article, et qui traite précisément de ce sujet. Je vous encourage à le visionner avec vos enfants à partir de 5 ans, l'histoire étant un peu complexe.

Quelques pistes pour aller plus loin...

Si votre enfant rechigne à aller au lit, outre la difficulté à apprivoiser les peurs de la nuit et la séparation, il me semble nécessaire de prendre en compte un certain nombre de facteurs qui pourraient expliquer ses difficultés.


- A-t-il eu suffisamment de ses parents ?


Je ne le dirais sans doute jamais assez, mais un enfant qui a passé la journée à l'école, ou à la garderie, a besoin de passer du temps avec ses parents avant d'aller au lit. Et quand je dis du temps, je ne parle pas de temps de repas, de bain, de devoirs, et autres activités routinières, mais de temps de qualité. Ainsi, il peut s'avérer tout à fait intéressant lorsque l'enfant rechigne à aller au lite, de lui proposer un temps de jeu, de câlin, avec son ou ses parents qu'il n'a pas beaucoup vus pendant la journée. Et de s'organiser afin de  faire de la place pour de genre d'activité. C'est vrai que cela peut demander 15 ou 30 minutes à trouver dans une fin de journée, mais si cela permet de gagner des heures de disputes, je crois que le jeu en vaut la chandelle. Un temps de jeu, de rigolade, avec son parent, va permettre à l'enfant de retrouver la proximité avec lui et de nourrir son besoin de proximité qui va lui permettre ensuite, de se séparer pour aller dormir.


- A-t-il pu se décharger de ses tensions ?


On le sait assez peu, mais un enfant qui a passé du temps en collectivité, et encore plus à l'école, où il a dû se plier à des règles, apprendre à rester tranquille, etc... a fait de GROS efforts. Un enfant en bas âge n'est pas fait pour rester assis sagement. Et pendant la petite enfance, les interactions avec la collectivité sont une source immense d'apprentissages relationnels très couteuses en énergie. Il n'est donc pas rare que certains enfants aient besoin de courir, sauter, une fois le soir venu, afin de "rattraper" tout ce qu'ils n'ont pas pu extérioriser pendant la journée. Donc si votre enfant saute, court, et refuse de se coucher, il peut apparaitre judicieux de lui proposer une bonne séance de défoulage en famille, avant de revenir à un temps plus calme. J'avoue avoir une affection particulière pour les séances de guili-guili, ou pour les batailles d'oreiller, qui m'ont permis de vivre avec mon fils quelques minutes de franches rigolades, et de lui procurer ensuite un endormissement paisible. Je vous encourage donc à y penser et à le tester.

En conclusion...

Voilà, j'espère que cet article vous aura aidé à cheminer, et à mieux comprendre ce qui se passe dans votre famille. Il est bien entendu incomplet, tant il y aurait de choses à dire sur le sujet. Je cous encourage à me laisser un commentaire si vous souhaitez que je réécrive autre chose sur le sujet ou que j'approfondisse un passage de cet article. Et si vous souhaitez être accompagnés de façon personnalisée, n'hésitez pas à visiter mon site et choisir la formule qui vous semble la plus adaptée ici.

Je vous laisse avec la bande annonce du film d'animation. 

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Parents, soyez cohérents !

L'autre jour, en allant chez mon buraliste, je suis tombée sur un nouveau magazine qui traite de la parentalité. Un magazine qui se dit "le magazine de la famille". Un titre sur la couverture a particulièrement attiré mon attention. sont titre : "Parents, le devoir de cohérence". Alors j'ai acheté ce magazine... Et je n'aurais pas dû...

 

Lors que je l'ai ouvert, j'ai commencé à lire l'article en question. Il avait pourtant bien commencé. On nous y présente le témoignage d'une maman qui explique que c'est en criant qu'elle demande à ses enfants de se calmer. Effectivement, ce n'est pas très cohérent. C'est surtout parfaitement inefficace, voire parfaitement contre-productif...Jusque là, je suis plutôt d'accord. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, parce que ça va sérieusement se gâter....

La cohérence, c'est appliquer les mêmes règles d'un jour sur l'autre...

Arrive ensuite un pédopsychiatre, qui nous explique que, je cite "la cohérence éducative, c'est avoir une réaction adéquate par rapport à la réaction de l'enfant, ses besoins, son état émotionnel". Et c'est là que ça commence à me faire "non" à l'intérieur...Il est question ici de prêter attention à l'enfant. D'être centrés sur l'enfant, ses besoins, ses ressentis, ce que je trouve important bien entendu. Mais pour moi, l'éducation, c'est D'ABORD ET AVANT TOUT de la relation. Et dans une relation, il faut au minimum être deux. Donc pour moi ce qui est important, c'est d’être attentif aux besoins de l'enfant, de ses ressentis ET DES NÔTRES.  Comme nous sommes des êtres de relation, il me parait indispensable voire salutaire, de prendre en compte les besoins et les ressentis de chacun dans les règles que nous posons. Mais ce n'est pas tout...

Etre cohérent, c'est appliquer les mêmes règles d'un jour à l'autre...

Vient ensuite le témoignage d'une maman qui explique que selon son état de fatigue, d'énervement, sa disponibilité, et tout un tas d'autres facteurs, certaines choses dans le comportement de ses enfants vont passer certains jours et d'autres pas du tout. Et le pédopsychiatre insiste sur l'importance de poser les mêmes règles quelque soient les circonstances. Et là, je sens la moutarde qui commence à me monter au nez...

D'abord, parce que dans mon activité d'accompagnatrice parentale, je rencontre très souvent des parents qui essaient tant bien que mal d'appliquer ce genre de choses, et ce sans grand succès, il faut bien l'avouer. et vous savez qui arrive alors ? Ils culpabilisent

 

Alors tout ça, c'est bien mignon, mais quand je lis ça, ça m'inspire une pensée magnifiquement illustrée par Mathou, de crayon d'humeur, dont je vous invite à découvrir le travail au passage...

Ce qu'on nous dit en gros, c'est que quelque soit la situation, il faut garder le cap. Tout se passe comme si on devait nier la réalité de nos ressentis, de nos émotions, etc... Et le problème avec les émotions, c'est que plus on les fait taire, plus elles se manifestent... Et vous n'allez pas tarder à comprendre comment.

 

Ensuite, parce que c'est précisément ce genre de conseil qui, je crois, a contribué à me mettre en difficulté en tant que maman, il y a plusieurs années, quand j'ai débuté dans l'éducation de mon enfant.

 

Moi même, en tant que jeune maman, devant ce genre de conseil, j'avais imaginé qu'il fallait tenir la barre coûte que coûte, tel un marin cramponné au gouvernail de son navire en pleine tempête. Et d'après ce que j'observe auprès des parents que j'accompagne, ça continue à faire de gros dégâts. Et j'ai du mal à croire qu'on en soit encore là en 2015...

 

Jusqu'à ce que je réalise que ce qui fait un bon marin, ce n'est pas de rester cramponné à la barre en toutes circonstances. NON.

 

Ce qui fait un bon marin, c'est d’être attentif à continuer de tenir la barre MALGRE sa fatigue, et la composition de l'équipage. Un bon marin sait être attentif aux vagues, au soleil, aux nuages, et à tout ce qui entoure son environnement. Et il adapte sa façon de naviguer à ce qui conditionne son environnement.

L'éducation, c'est être comme un marin... mais un bon

Or, il se trouve que ce qui nous permet de nous alerter sur les changements dans notre environnement, ce sont précisément nos émotions. Et plus largement nos ressentis. Je m'explique : Si je suis fatiguée un soir, c'est probablement parce que j'ai eu une journée chargée. Je peux donc faire le choix d'alléger mon emploi du temps pour économiser mon énergie, et rester disponible et patiente auprès des enfants. Ou alors cela peut être le signe que je devrais peut être revoir mes objectifs, apprendre à déléguer un certain nombre de tâches, ou peut être cesser de m'épuiser dans des choses inefficaces et revoir mes priorités. Bref, ma fatigue, pour ne parler que d'elle, est là pour me signifier quelque chose... et c'est précisément en l'écoutant et en apprenant à la gérer de façon constructive que je peux espérer être plus efficace pour atteindre mon objectif. Et du coup me sentir moins coupable et compétente en tant que parent.

 

Pour ne rien vous cacher, je suis intimement convaincue que chez un certain nombre de parents étiquetés comme "laxistes", mot que personnellement je n'emploie jamais, il y a à mon avis bon nombre de parents qui se sont efforcés de tenir la barre jusqu'à frôler l'épuisement.... Et qui ont fini par lâcher.

 

Entre parents, il faut poser les mêmes limites !

Un autre passage de cette article a retenu toute mon attention. Il est dit un peu plus loin que les parents doivent s’efforcer de se mettre d'accord. Et à mon avis, là encore, c'est assez utopique. D'abord parce qu'un père ou une mère n'ont pas la même patience, ils ne sont pas forcément fatigués au même moment, n'ont pas forcément la même notion de ce qui est important ou pas en matière d'éducation. Et la encore, faire comme si ce n'était pas le cas, me parait non seulement assez utopique. Ce qui me semble important, c'est de discuter ensemble sur les règles de vie. L'heure du coucher, les valeurs familiales, ou ce genre de choses. Mais se mettre d'accord sur les règles qui ont pour fonction de prendre soin de nous dans la relation, qui tiennent compte de notre fatigue et de notre état émotionnel, ne peuvent pas être les mêmes. Ce qui me parait important pour les enfants,  c'est davantage d'apprendre à gérer nos différences de façon constructive. D'apprendre à nous soutenir et à nous relayer quand l'un ou l'autre manque de patience ou se montre plus fatigué. Et encore une fois ce n'est pas en niant cet état de fait par devoir, qu'on y parvient.

Etre... humain

En conclusion, j'ai envie de dire que je commence à être fatiguée des conseils en tout genre, qui prônent ce qui devrait être, et critiquent la réalité de ce qui est. Oui, les parents d'aujourd'hui sont parfois fatigués, préoccupés par tout un tas de paramètres tel que le boulot, l'argent, leur couple, ou que sais-je encore... Et ce n'est pas en niant cet état de fait, ou en conseillant aux parents de faire comme si ce n'était pas le cas qu'on peut les aider de façon efficace. C'est au contraire en leur permettant d’être à l'écoute d'eux mêmes, et en leur apprenant à prendre des décisions qui tiennent compte de leurs ressentis qu'on leur permettra d'éduquer leurs enfants avec cohérence. Et au delà de ça, ils pourront montrer l'exemple à leurs enfants de parents qui savent s'adapter aux circonstances, tout en sachant garder le cap... Et c'est un formidable cadeau à leur faire croyez moi !

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La mère, un mammifère comme les autres... ou presque !

L'autre jour, j'avais une discussion avec une maman au sujet des ateliers que j'anime auprès des familles. Je lui explique mon travail, et là, elle me dit :

Je ne vois pas l'intérêt d'apprendre à être parent, nous, les mères, n'avons qu'à suivre notre instinct

Outre le fait que les ateliers de parents n'ont pas plus pour objectif, "d'apprendre à être parents", que les cours de préparation à l'accouchement sont là pour "apprendre à accoucher", cette remarque m'a permis de comprendre les réticences que pouvaient avoir certains parents à suivre des ateliers. Et aussi de tordre le cou à certaines idées reçues bien ancrées.

 

La première idée reçue à laquelle je vais me faire le plaisir de tordre le cou, c'est celle de l'existence de "l'instinct maternel". Et là, je sens que je vais déclancher une groose polémique, voire que je vais me faire tirer dessus à bout portant.

 

Disons le clairement, l'instinct maternel n'existe pas. C'est même la plus grosse surpercherie à laquelle on nous a fait croire, après celle du père noël, et celle du prince charmant (qui n'existent pas non plus. Ah, vous l'ignoriez ?)

 

Pour mieux comprendre mon point de vue sur le sujet, il est necessaire de faire une petite pise au point sur ce qu'est l'instinct.

Entre instinct et pulsion

 Nous, les humains, sommes des mammifères, mais nous ne sommes pas des tigres. Nous ne sommes pas de la même espèce.  L'instinct comprend un certain nombre de comportements codifiés propres à une espèce donnée. Ces comportements sont inscrits dans le développement de l'animal et son reproduits sans avoir eu besoin d'être appris auparavant.

 

Prenons donc l'exemple du tigre. Ou plutôt de la tigresse. Il y a des tigresses en Asie et il y en a aussi en Sibérie. Imaginons donc deux tigresses, une qui vit en Asie et une autre en Sibérie. A la naissance de leur tigron, elles auront exactement les mêmes comportements, les lècheront de la même façon, les sentiront, les nourriront, etc... Le tout sans s'être jamais rencontrées. Parce que la façon de s'occuper des petits est inscrite dans leur partimoine génétique et n'est pas un comportement appris. Leur comportement est lié à l'intinct.

 

Chez l'humain, les choses sont tout à fait différentes. Toutes les mères du monde ont le même objectif : Faire ce qu'elles croient être le mieux pour leur enfant. Seulement, dans les faits, cela peut prendre des formes très différentes en fonction de leur histoire personnelle, de leur culture et des pratiques et coutumes issues de leur environement. C'est ce qui caractérise la pulsion.

 

Ce qui  existe néanmoins, c'est ce que D. Winicott appelait "la préoccupation maternelle primaire". A la naissance d'un enfant, la mère est complètement centrée sur ses besoins. Et grâce aux hormones de l'accouchement et de la lactation, mais aussi du temps passé auprès de son petit, elle construit un lien d'attachement avec son enfant.

 

Si l'accouchement et la lactation sont physiologiques, la femme humaine a besoin de s'entourer d'autres personnes pour apprendre les gestes qui lui permettront de vivre les choses avec le plus de sérénité possible. Cela peut être d'autres femmes, comme cela se fait dans certaines cultures, ou de professionnels qui informeront la jeune mère sur les soins à donner au bébé. Et elle mettra en oeuvre à travers son maternage une partie de ce qu'elle a reçu et sa façon d'être mère sera fortement influencée par le soutien qu'elle recevra dans cette tâche.

 

La différence, c'est mieux ou moins bien ?

L'intention est donc commune, sa mise en oeuvre est différente. Malheureusement, dans une société basée sur la compétition, on ne peut pas s'empêcher de se comparer. Et on va attribuer à cette différence une dimension évaluative.

 

C'est ainsi que des mères qui auront du mal à créer un lien avec leur nouveau né vont parfois se sentir anormales, ainsi que celles qui auront du mal à s'investir totalement dans la maternité. Parce qu'on leur aura dit que grâce à leur instinct, elles comprendront toujours pourquoi bébé pleure, et que les choses viendront naturellement. Celles qui auront à coeur d'aimer leurs enfants mais de s'investir également professionnellement afin de s'épanouir en dehors de la maternité vont être qualifiées de "carriéristes", et qu'au contraire, celles qui s'épanouiront pleinement dans la maternité et ne ressentiront pas le besoin de s'investir ailleurs seront "trop fusionnelles".

Entre accouchement sans douleur et éducation sans filet

Il n'y a pas de meilleure façon d'être mère. Il y a autant de mères que d'histoires de vie. La façon d'être mère, ou père se construit sur la base du passé et du présent. Nous apprenons à devenir parents au contact de nos enfants. Et nous ne sommes pas les mêmes parents avec chacun de nos enfants....

 

Pendant longtemps, les femmes accouchaient sans trop comprendre ce qui leur arrivait, avec pour seule information le témoignage de leur mère et grand-mère qui avaient vécues la naissance avant elles. Aujourd'hui, les cours de préparation à la naissance permettent aux femmes de mieux comprendre leur corps, d'acquérir des outils pour mieux accompagner la douleur de l'enfantement, et d'être accompagnées dans la première rencontre avec leur bébé.

 

Etre accompagnés dans l'éducation de son enfant, c'est se donner une chance de mieux comprendre son fonctionnement, ses réactions, et les notres aussi. C'est acquérir des outils qui permettent de mieux communiquer, de les accompagner vers leur vie d'adulte avec le plus grand respect de leur rythme et de leur personnalité. C'est choisir de regarder en face les failles de notre propre éducation et leur donner une chance de vivre autre chose.

 

 

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Mange ta soupe, ça fait grandir !

-"J'aime pas."

Quel parent n'a jamais entendu cette phrase. Alors que bébé se montrait coopératif jusque là, se délectant de purées de courgettes et même de brocolis (si,si !) Voilà qu'à présent, il refuse d'avaler quoique ce soit... A part le dessert, les bonbons, ou le pain. Avouez que c'est déjà pas mal. Mais voilà, nous, adultes, avons la lourde tâche (pour ne pas dire la responsabilité) d'inculquer à nos chérubins la notion du sacro-saint équilibre alimentaire... On nous le rappelle à longueur de temps à grand renfort de campagnes sur l'obésité infantile et d'injonctions publicitaires "Mangez 5 fruits et légumes par jour..." Euh, les fraises Tagada, ça compte ?

Je t'aime, donc je mange

Et il faut bien le reconnaitre, s'entendre dire "j’aime pas", quand on s'est appliqué à faire la cuisine, c'est assez désagréable. Enfin, surtout pour nous, les filles, et en particulier pour nous, les mamans...

 

Pourquoi ? Et bien parce que nourrir les enfants, on aura beau dire tout ce qu'on voudra, c'est NOTRE créneau. Nous avons nourri ce bébé à peine né avec notre lait, nous sommes appliquées à nous reposer, manger du fenouil et boire de la bière (sans alcool, normalement, hein...) afin que notre corps produise suffisamment de ce nectar blanc si précieux pour notre petit si fragile. Si cette étape s'est passée sans encombre, nous voudrions tout naturellement que petit d'homme se régale de notre purée de céleri avec le même enthousiasme. Si l'allaitement ne s'est pas bien passé, nous pouvons être tentée de rattraper ce que nous avons peut-être vécu comme un échec et nous appliquer à mitonner des petits plats, spécial palais délicat, dignes de 5 étoiles au guide Michelin des moins de 5 ans. Et même sans parler d'allaitement, dans un pays où les femmes assument encore 80 % des tâches ménagères, ce sont bien souvent elles qui préparent les repas.

 

Alors quand à peine servi, petit d'homme rechigne, fait la moue, recrache, voire refuse tout net d'ouvrir la bouche, sans vouloir faire de jeu de mot, c'est un peu dur à avaler... Et alors quand il nous sert un "j'aime pas", avant même d'avoir goûté, on peut comprendre que pour nous, ce soit la fin des haricots...

Cet enfant ne mange rien !

Comme par hasard, ce manque d'entrain pour la nourriture survient en même temps que la fameuse période redoutée de bien des parents, appelée souvent "petite adolescence", mais mieux connue sous le nom de crise d'opposition. Vous savez ? Cette période où l'enfant n'écoute rien, dit "non" toutes les cinq minutes (et encore, je suis large...) et se roule par terre à la moindre contrariété... Cette étape cruciale du développement d'enfant met la pateience de bon nombre de parents à rude épreuve.. Et quand l'enfant s'oppose à la nourriture, c'est une occasion de plus de se battre... ou pas. Nous pouvons en effet choisir de porter un autre regard sur ce qui se passe autour de l'assiette de notre enfant.

Pourquoi il refuse de manger ?

Cette phase  d"opposition est en réalité, une phase d'affirmation de soi. On pense souvent que l'enfant teste nos limites, mais en réalité, c'est plutôt des siennes qu'il s'agit ici. A cette période, l'enfant apprend à se connaitre. Alors que jusqu'ici, il avalait à peu près tout (y compris le gravier du parc et les croquettes du chat), il commence maintenant à explorer sa nourriture et à affiner son goût. Or, le goût s'éduque. Des études ont montré que le goût sucré est naturellement apprécié par les bébés nouveaux nés. D'où l'attirance naturelle des petits pour les desserts et les bonbons. Et ça tombe bien, parce que le lait maternel est sucré. Et il est indispensable à la survie des nouveaux nés. Comme quoi, la nature est bien faite.

 

Mais pour les autres saveurs, c'est une autre histoire. Les papilles gustatives situées sur la langue sont reliées à des récepteurs qui transmettent l'information au cerveau de l'enfant et provoquent une réaction. Mais tout ceci est en construction chez le petit. On sait aujourd'hui que lorsque le petit découvre une nouvelle saveur, il devra la goûter entre 8 et 12 fois (pas pendant le même repas, hien...) avant que son cerveau commence à l'apprécier. Et que certains coloris d'aliments provoquent le dégout. Nos ancêtres les hommes préhistoriques rejetaient certaines baies de couleur car elles étaient toxiques. Nous avons donc appris à nous méfier des aliments de cette couleur, et à les rejeter...  

Mais alors, comment faire pour qu'il mange ?

Autant vous le dire tout de suite, il est impossible de faire manger un enfant qui ne mange pas. Pourquoi ? Parce que ce n'est surement pas en le forçant qu'on va lui ouvrir l'appétit. On peut agir sur ce qu'il mange, pas sur la quantité de ce qu'il mange. Les petits savent pour la plupart très bien réguler leur appétit. Tout petit, ils tètent leur mère jusqu'à satiété et s'autorisent à ne pas finir leur biberon quand ils en ont assez. Et nous n'en faisons pas un drame.... Pourquoi en serait-il autrement pour les petits pois et les haricots verts ?

 

Il est primordial de respecter l'appétit des enfants en leur servant de petites quantités, voire de les laisser se servir eux mêmes quand cela est possible. Et de les autoriser à laisser s'ils ont eu "les yeux plus gros que le ventre", comme disait ma grand-mère. On peut assez facilement accommoder les restes ou les conserver le cas échéant...

 

On peut néanmoins décider de poser une règle comme "on mange de tout un petit peu..." (qui vient aussi de ma grand-mère, comme quoi !) qui consiste à indiquer à l'enfant qu'il aura "pareil" de dessert que ce qu'il a mangé de légumes par exemple... Mais c'est une suggestion. A vous de tester différentes choses et de partager vos astuces en commentaire de cet article...

Tu n'aimes pas ? Mais pourquoi ?

Quand notre petit nous assène un "j'aime pas", devant notre plat préparé avec amour, nous sommes alors tentés de lui dire :

"Mais si, c'est bon, vas-y, goûte !"

Pour vous tenter de vous faire comprendre ce que votre petit ressent à ce moment là, prenons un autre contexte. Imaginons que nous soyez dans une boutique de vêtements. Vous avez vu un beau pantalon qui vous a plu quand il était exposé sur le mannequin en plastique sans tête d'1 mètre 75 et de 50 kg. Donc, vous avez eu envie de l'essayer. Et une fois sur vous, ce pantalon, vous ne savez pas pourquoi, mais il ne vous plait pas. Et la, la vendeuse s'écrie :

"Ma chérie, vous êtes magnifiiique !" (toute ressemblance avec une personne existante serait purement fortuite)

- "Euh, vous êtes sûre ?, j'ai pourtant l'impression qu'il me serre. Et la couleur, je ne suis pas sûre"

-"Si si , je vous assure, il vous va trrrrrès bien !"

Est-ce que la vendeuse, en insistant, arrive à vous convaincre que ce pantalon vous va comme un gant, alors que vous êtes sceptique ? Je suis prête à parier que non. En réalité, ce qu'on ressent à ce moment là, c'est que la vendeuse a vraiment envie de nous vendre sa camelote. Même si on l'air d'un sac.

 

Et bien pour l'enfant qui dit "j'aime pas, c'est pas bon", c'est pareil. Plus vous allez insister, moins il mangera. Mais comme vous êtes plus maligne que lui, il ne s'agit pas non plus de renoncer....

 

Plutôt que d'essayer de le convaincre que "si, si, c'est bon ", essayez plutôt d'accompagner votre petit à la découverte de son goût. Dites lui plutôt que vous avez besoin de lui pour comprendre ce qu'il n'aime pas. Qu'est-ce qui ne lui plait pas. La couleur ? L'odeur ? Proposez lui de goûter et de vous dire ce que ça fait dans sa bouche. Est-ce que ça pique ? Est-ce que c'est dur ? Mou ? Est-ce que c'est difficile à avaler ?

 

Tous ces éléments vous aideront à varier la présentation de vos plats à laquelle les petits sont sensibles. Vous pourriez également proposer le même aliment sous différentes textures, car certains enfants peuvent avoir des difficultés avec les morceaux ( des courgettes à l'eau peuvent très bien sembler répugnantes et s'avérer très appétissantes en gratin ou en purée)...

 

Plutôt que de voir cela comme une contrainte, profitez en pour laisser parler votre créativité, faire preuve d'imagination, et de patience....

 

Sur ce, bon appétit !

funtastique.fr

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Le petit chat est mort

Un des sujets les plus difficiles à aborder avec les enfants, celui de la mort. Si ce sujet est si difficile à aborder, c'est bien parce qu'il nous confronte à nos propres difficultés d'adultes. Cet article a pour but de vous donner des pistes de réflexion sur ce sujet, et des outils pour accompagner les enfants confrontés à la mort.

C'est quoi la mort ?

La mort est la dernière étape du cycle de la vie. Tous les êtres vivants, que ce soit les humains, les animaux ou les plantes, naissent, grandissent et meurent...

 

La mort n'a pas le même sens selon l'âge de l'enfant. Tous les enfants, même ceux qui ne sont pas confrontés à la mort dans leur vie personnelle, passent par des phases où ils s'interrogent sur la mort. D'ailleurs, celle-ci est présente dans leur quotidien dans bon nombre de dessins animés, de livres, ou de jeux...

 

Lorsque la mort survient à la fin de la vie, c'est à dire lorsqu'une personne très agée meurt, même si on peut être affectée par sa disparition, elle sera plus facilement acceptable. Et il sera plus facile de dire à l'enfant :

"Il est mort parce qu'il était très vieux"

L'injustice de la vie

Ce qui va s'avérer plus difficile, c'est lorque la mort touche quelqu'un de jeune, à fortiori un enfant, et qu'elle survient à la suite d'une maladie ou d'un accident. D'abord, il y a la survenue de la maladie, dans la vie de quelqu'un qui avait encore de longues années devant lui. Dans ce contexte, on est confrontés nous adultes, à l'injustice de la vie, au caractère incontrolable de la situation, et à notre impuissance. On ne choisit pas de tomber malade, certaines maladies n'ont aucune explication rationnelle, et on peut lutter contre une maladie, mais certaines vont s'avérer mortelles, et révéler l'impuissance de la médecine. Dans le cas d'un accident, il y a le caractère brutal de l'annonce, et aussi l'injustice, car tous les accidents ne sont pas mortels, et toutes les victimes des accidents n'ont pas de responsabilité dans sa survenue.

 

Le caractère injuste de la mort peut expliquer en partie les difficultés que l'on a à aborder ce sujet avec les enfants. Nous préférerions ne pas avoir à aborder ce sujet avec eux tant nous souhaiterions les maintenir dans une vision idyllique de la vie, et leur épargner de se confronter avec ce qui nous est insupportable à nous, adultes.

La perte et la séparation

La mort nous confronte inéluctablement à la notion de perte. On ne pourra plus jamais voir la personne disparue. Au delà du décès, nous perdons le lien qui nous unissait, et ce que nous trouvions dans la relation avec cette personne. Chaque relation que nous entretenons nourrit une part de nous mêmes et chaque relation qui se termine nous oblige alors à renoncer à cette part de nous ou à trouver une autre façon de la cultiver.

Entre tristesse et chagrin

Lorsqu'une mort survient dans notre entourage, nous ressentons une émotion connotée de façon négative dans notre société : la tristesse. La tristesse est pourtant un émotion saine, qui permet de cheminer dans le deuil. Nous pouvons avoir envie de pleurer, car les larmes sont précisément ce qui permet de se libérer de son chagrin. Et nous pouvons être tentés de ne pas le faire devant les enfants, par souci de les préserver. Les enfants perçoivent néanmoins que quelque chose se passe. Un décès dans une famille est un bouleversement, et s'accompagne parfois d'agitation autour de l'organisation des obsèques. Un enfant même petit perçoit les émotions qu'on lui cache. Et s'il pose des questions et qu'on lui répond :

"Non, ne t'inquiète pas, tout va bien"

Le risque est alors de lui signifier que ce qu'il ressent n'existe pas. Et peut le conduire à ne pas faire confiance à ses ressentis. Si l'enfant pose des questions, mieux vaut lui faire part de la raison réelle de notre tristesse, de notre irritabilité, afin qu'il sache que ça n'a rien à voir avec lui. Si nous sommes nous mêmes trop affectés par le décès, il peut s'avérer utile de s'adresser à un tiers, voire à un professionnel, pour expliquer le décès à l'enfant et ce que cela implique pour son entourage.

Les rituels autour de la mort

Lorsque la mort d'un proche survient dans la vie d'un enfant, cela peut aussi être l'occasion d'enseigner à l'enfant les croyances et rituels qui accompagnent la mort dans notre culture. Par exemple, on peut expliquer à un enfant que lorsque quelqu'un meurt, on organise une cérémonie du souvenir, afin de se souvenir ensemble de la personne décédée et de partager notre chagrin. Cela permet de rendre hommage et de dire adieu au défunt. On peut aussi lui expliquer les différents rites religieux, non seulement le nôtre, mais aussi les différences entre les cultures dans les pays du monde, ainsi comme les croyances issus des cultures religieuses, comme le paradis ou la réincarnation.  De nombreux livres existent sur le sujet et pourront vous y aider.

 

Lorsqu'un enfant perd son animal de compagnie, on peut décider avec lui de la façon dont on va lui rendre hommage, et choisir avec l'enfant, les modalités de la sépulture de l'animal. Il peut être important que l'enfant puisse avoir un lieu de recueillement pour "penser" à son animal.

Comment parler de la mort aux enfants ?

La façon d'aborder cette question va dépendre de la façon dont nous adultes, sommes affectés par ce décès. Néanmoins, il est préférable de dire la vérité aux enfant plutôt que de tenter d'adoucir les choses par des images poétiques qui risquent de créer un flou dans la tête de l'enfant. Par exemple, dire à un enfant :

"Elle est partie au ciel"

risque de donner l'envie  à l'enfant de prendre l'avion pour rejoindre la personne décédée, ou au contraire, de lui provoquer une peur de l'avion, en lui donnant l'impression qu'il va mourir en "montant au ciel". De la même façon, dire à un enfant :

"Il s'est endormi"

risque de provoquer de grosses difficultés d'endormissement chez un enfant, qui peut avoir peur de s'endormir et de ne pas se réveiller.

Les enfants peuvent ils participer aux obsèques ?

Au delà de la façon dont nous sommes nous mêmes impactés par ue disparition, il est préférable de se poser la question du lien qui unissait l'enfant et la personne disparue. Si l'enfant avait clairement identifié la personne, si elle faisait partie de son quotidien, lui permettre de participer aux obsèques peut contribuer à rendre concrète la disparition, et aider l'enfant à commencer son travail de deuil, avec les autres membres de sa famille. Il pourra ainsi partager son chagrin avec son entourage. Néanmoins, alors que nous n'avons souvent aucune difficulté à rire ensemble, partager le chagrin peut s'avérer plus difficile. On pourrait penser que l'enfant serait affecté par la tristesse de son entourage, et c'est le cas, dans le sens où la plupart du temps, l'enfant la perçoit très bien.

 

Néanmoins, il peut s'avérer très utile de lui permettre de vivre ses émotions avec les autres. Il pourra ainsi apprendre qu'un évènement dramatique provoque des émotions négatives, mais que ces émotions se transforment et participent au travail de deuil. Qu'après la tristesse et le chagrin, on peut recommencer à rire, à sourire, et à se souvenir des bons moment partagés.

Le travail de deuil

Au moment d'un décès commence le travail de deuil. Ce processus prend un temps plus ou moins long selon le lien qui nous unissait à cette personne ou cet animal. D'abord vient le temps du déni, puis celui de la colère, puis celui de la dépression, période où on est centré sur la perte de la personne disparue et où on perd goût à la vie, puis celui de l'acceptation. Cette dernière étape se termine, lorsqu'on peut mettre ses émotions à distance, se souvenir de la personne sans en être affecté, et prendre conscience de ce que la personne nous a apporté et du fait qu'un certain nombre de ces choses continuent à vivre à l'intérieur de nous. Il peut s'agir de valeurs, de traits de caractère, ou de gouts en commun par exemple....

 

A travers ces évènements douloureux, les enfants peuvent avoir l'opportunité d'expérimenter aux côtés des adultes, les émotios négatives qui y sont rattachés, et comprendre ainsi que ces émotions font partie de la vie, et permettent de surmonter les épreuves.

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Tu respecteras ton père et ta mère

Aujourd'hui, j'avais envie de vous parler du respect. L'idée qu'un enfant DOIT respecter son père et sa mère, vient de notre culture judéo-chrétienne. Le respect témoigné au parent en reconnaissance de nous avoir donné la vie, est le point de départ du respect témoigné à toute autorité supérieure, du parent, au supérieur hiérarchique, pour finir par la figure la plus spérieure, Dieu.

 

On voit bien qu'à travers la notion de respect se dessine l'idée de l'obéissance à des règles dictées par une autorité supérieure. Donc derrière la notion de respect il y a celle de l'autorité.

 

Or, la notion de respect à la base, n'a rien à voir avec l'obéissance ni à l'autorité. Pour s'en convaincre, il est nécessaire de revenir à la définition même de ce mot.

Le respect, c'est quoi ?

Quand j'ouvre mon doctionnaire à la page de ce mot, voici ce que j'y trouve :

Le respect appliqué à un être humain prend un sens plus proche de l'estime, et s'appuie sur l'aptitude à se remémorer les actes auparavant accomplis par un être humain, lorsque ceux-ci sont dignES

Il est dit du respect qu'il se mérite ou se gagne.

Si on s'en réfère à cette définition, il est dit que le respect s'acquiert sur la base  d' actes commis qui sont dignes d'être reconnus. On est loin du respect obtenu par la peur, la menace, ou une obéissance aveugle, mais on se rapproche au contraire, d'une reconnaissance volontaire accordée à quelqu'un dont on reconnait des actes qui nous paraissent héroiques, porteurs de valeurs fortes, que nous voudrions suivre comme exemple.

 

Le respect comme reconnaissance de l'expérience

Donc le respect est la conséquence d'actes communément admis comme dignes de respect. On nous parle donc de respect des parents, de respect des personnes âgées, et on y voit ici un respect qui serait la reconnaissance de l'expérience acquise par une expérience de la vie plus grande que la nôtre.

 

A noter que dans cette définition, il est dit que le respect se mesure sur les actes. Donc, il n'est pas fait de distinction entre la personne et ses actes. Et à mon avis, c'est là que le bas blesse....

 

Cette absence de  dictinction entre l'individu et ses actes, est une confusion extremement répandue. Les actes posés par quelqu'un sont rarement le fait de ce qu'il est. Le plus souvent, nous agissons en fonction de ce que nous pensons, de ce que nous ressentons, de ce que nous croyons, dans une situation donnée. Nos actes sont davantage ou du moins tout autant dictés par la situation dans laquelle on se trouve que par ce que nous sommes. Mais là n'est pas le sujet.

Entre respect et tolérance

Lorsqu'on aborde la question du respect de l'enfant, c'est là que se situe le problème... On peut tout à fait respecter un enfant et ne pas tolérer un comportement qui nous parait inadapté. Respecter quelqu'un, c'est lui reconnaitre le droit d'exister, d'être lui-même, de penser ce qu'il pense, sans pour autant y adhérer pour soi-même.... et sans pour autant adhérer à ce qu'il fait, et encore moins accepter de subir les conséquences de ses actes. Le respect de l'enfant implique le respect de se personnalité, donc de l'aider à acquérir les compétences relationnelles qui l'aideront à respecter autrui, et aussi à se faire respecter.

 

Apprendre à un enfant à respecter les autres commence par un respect de sa personne, et s'acquiert par l'exemple d'adultes qui se montrent respectueux envers lui. Tout en étant capable de l'aider à comprendre en quoi son comportement peut susciter de la réprobation, voire du rejet,et en l'aidant à acquérir des modèles relationnels plus adéquats.

 

En considérant que l'enfant ou d'une façon plus générale, une personne est ce qu'elle fait, on se prive de la compréhension des raisons qui le poussent à agir, et par extension, des besoins qui se cachent derrière... J'avais déjà abordé cet aspect dans un article sur la question des limites que vous trouverez sur ce blog.

 

Comprendre ce qui pousse un enfant à agir, n'a pas pour but de l'excuser, mais de l'expliquer et donc de trouver une façon de l'aider plus respectueuse de son besoin.

 

Je vais illustrer mon propos à travers l'histoire de Tom...

Distinguer émotion et expression

Tom est un adolescent de 12 ans. Sa maman vient me voir  et m'explique que son fils lui manque de respect. Lorsqu'il est en conflit avec se mère, ce qui arrive assez fréquemment, il l'insulte, hurle, et finit par partir soit dans sa chambre, soit dehors, le tout en claquant les portes de rage. Et sa maman ne supporte pas de se faire crier dessus, et encore moins insulter....

 

La dernière dispute a vraiment dégénéré. Tom s'est emporté, a crié, a hurlé sur sa mère, qui, se sentant dépassée, a fini par gifler son fils. Celui ci est alors parti en claquant la porte.... se réfugier chez son père, qui habite à quelques rues de là. Depuis il est chez son père et refuse de revenir.

 

La maman me raconte qu'elle ne sait pas comment faire pour que son fils revienne. Elle voudrait qu'il reveinne vivre avec elle mais ne veut pas qu'il lui "manque de respect". Lorsque je lui demande ce qu'elle fait pour éviter que son fils lui manque de respect, voici ce qu'elle me répond :

"Je l'ai prévenu, il n'a pas interêt à me manquer de respect, sinon, il sera puni !"

Je lui demande alors comment son fils peut-il exprimer sa colère sans lui manquer de respect. Et là, silence... Elle ne sait pas me répondre. Lorsque son fils est en colère, elle lui dit de ne pas insulter, et d'aller se calmer en allant courir dehors pour évacuer. Pour éviter de ce confronter à la colère de son fils,  elle l'encourage à l'évacuer, ou à la garder en lui, pour ne surtout pas l'exprimer par des insultes.

 

Dans cet exemple, on voit clairement que la maman confond le respect et l'expression de la colère. La colère est une émotion saine et comme toute émotion demande à s'exprimer. Appprivoiser sa colère, comprendre en quoi elle nous renseigne sur nos besoins, pouvoir la traverser sans être envahi par elle et sans qu'elle nous dépasse, savoir l'exprimer avec respect est un atout majeur pour notre vie relationnelle.

 

Si la maman de Tom ne sait pas distinguer la colère de son expression, c'est parce qu'on ne lui a pas appris. Parce que comme elle le fait pour son fils aujourd'hui, à chaque fois qu'elle osait dire son insatisfaction, relever une injustice, exprimer un besoin insatisfait, ses parents le percevaient comme un manque de respect. Donc les parents ont puni, privant ainsi leur fille de cet enseignement précieux qui aurait permis à leur fille devenue mère aujourd'hui, de s'affirmer face à son fils ( et à plusieurs autres personnes de son entourage d'ailleurs), de gérer sa colère sans en être submergée, de l'exprimer de façon saine sans tomber dans la violence et finir par le gifler. Ne l'ayant pas reçu de la part de ses parents, la voilà bien démunie pour transmettre ces compétences émotionnelles et relationnelles.

 

Progressivement, elle apprendra à ressentir sa colère, à l'exprimer avec respect, montrant ainsi à son fils, qu'on peut être en colère sans devenir violent, ni dans les mots, ni dans les actes....

 

Et son fils pourra alors reconnaitre en elle quelqu'un contre qui on peut être en colère, avec laquelle on peut ne pas être d'accord, mais digne de respect.

 

Il pourra alors devenir un adulte autonome, capable de distinguer les critiques constructives émises avec respect, des jugements dévalorisants. Il pourra choisir d'obéir ou plutôt de suivre les conseils avisés de personnes plus expériementées, à qui il portera la plus grande estime, et se protégér des personnes toxiques.

 

La relation avec des enfants, nous confronte indéniablement à notre enfant intérieur. Nous y découvrons chaque jour les richesses et aussi les failles de l'éducation que nous avons reçue. Nous pouvons choisir de reproduire et transmettre nos manques ou de profiter de cette opportunité pour apprendre nous aussi et devenir meilleurs. Ce choix nous appartient.

 

 

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Les limites.... des limites !

Je n'aime pas les limites. Voilà, c'est dit. A vrai dire, l'idée de devoir "mettre des limites" m'a toujours posé problème. Et c'est grâce à Valérie, une maman qui a osé pousser la porte des ateliers de parents, que j'ai pu appréhender de façon plus précise ce qui me gêne dans ce concept.  Et c'est à travers son histoire que je partage avec vous ma réflexion sur ce sujet.

 

Quand son fils a eu 9 mois, comme beaucoup d'enfants de cet âge, il a commencé à crapahuter à 4 pattes. Puis il s'est redressé sur ses pieds et un jour, il s'est lancé dans la grande aventure de la bipédie... Tout fier de cette nouvelle acquisition, il a logiquement cherché à exploiter les nouvelles capacités que lui offrait cette posture. Et il a commencé à vouloir se saisir de tout ce qui était à sa portée...

 

Et c'est là que tout à commencé... De la sage-femme, en passant par le pédiatre, mais aussi sa belle-mère, sa mère, sa grand-mère, sa concièrge, etc... Tous étaient unanimes :

"Il faut lui mettre des limites !"

Alors, en mère débutante mais néanmoins appliquée, Valérie s'est mise à l'affût de ses moindres faits et gestes, prête à bondir au moindre écart de conduite, à chaque fois que son rejeton toucherait à quelque chose de dangereux ou d'interdit :

"Non, ne touche pas ça !" - "Non, pas par là !"

Au début, tout allait bien. Puis, assez vite, elle a remarqué que son fils, n'obéissait pas. Plus elle lui disait de ne pas ouvrir le placard, de ne pas monter sur le canapé, de ne pas toucher au vase sur le meuble télé... Et plus il le faisait. Alors, toujours dans l'objectif de "mettre des limites" à son fils "pour son bien", et conformément à ce qu'on attendait d'elle, elle a commencé à répéter, répéter, puis petit à petit, se fâcher, pour finir par mettre son fils au coin... Pour qu'il intègre la limite.....

Les limites.... limitent le comportement

Vous allez me dire, c'est le but justement... Et vous avez bien raison. C'est le but, et le problème en même temps. Le but des limites est d'aider l'enfant à comprendre ce qui est permis ou non dans un environnement donné... Derrière le mot "limites", il y a l'idée de "limiter", c'est à dire faire cesser un comportement identifié par l'adulte comme inapproprié. L'attention des adultes se porte alors, comme c'était le cas pour Valérie,  sur le comportement de l'enfant, et ce, surtout s'il est inadéquat (mais ça j'y reviendrai plus bas).

 

Or, tout comportement a une motivation. Et chez un petit enfant, tout comportement, même s'il parait surprenant, incompréhensible et imprévisible pour l'adulte, est au service de la satisfaction d'un besoin ou de l'expression d'une émotion. En concentrant son énergie sur la disparition du comportement qui parait inadapté, Valérie réagissait à cette injonction dictée par son entourage. Ignorant tout de ce qui poussait son enfant à agir ainsi, elle s'est appliquée à expliquer, gronder, punir, crier, jusqu'à s'épuiser... Et surtout jusqu'à se rendre compte qu'elle s'engageait dans une voie qui ne correspondait pas à ce qu'elle voulait.

 

Lorsque je lui demande ce qu'elle souhaiterait, dans l'idéal, voici ce qu'elle me répond :

"Moi je voudrais qu'il m'écoute sans être obligée de crier et de me fâcher, mais on m'a dit que c'était ça l'éducation, qu'il fallait qu'il apprenne à obéir..."

En fait, Valérie s'appliquait à faire "obéir" son fils, parce qu'on lui avait dit que c'était le propre de l'éducation. Que le rapport de force était inévitable, que son fils devait comprendre que c'était elle qui décidait. Mais au fond d'elle, elle sentait bien que cela ne lui convenait pas... et son fils aussi.

 

Progressivement, elle a appris à non plus se concentrer sur le "mauvais comportement à faire disparaitre", mais à remettre ce comportement dans le contexte de son petit garçon de 3 ans, qui n'a pas la même façon de raisonner qu'elle qui est une adulte, et dont les mauvais comportements ne sont que des expériences et non pas des "bêtises", émises dans le but de la pousser à bout.

 

Elle a pu apprendre à être à l'écoute de ses ressentis, et du même coup se mettre à l'écoute de ceux de son enfant, afin de mieux comprendre ce qui le poussait à poser des comportements pas toujours adaptés. Et elle a pu non pas mettre des limites, mais des règles respectueuses des besoins de son enfant et des siens...

Les limites attirent l'attention sur ce que l'enfant fait de "mal"

Un autre inconvénient de la notion de "limites", c'est que l'attention de l'adulte va être concentrée sur ce que l'enfant fait de "mal". Exactement comme l'a vécu et rapporté Valérie, l'adulte va alors se concentrer à faire disparaitre le "mauvais comportement", sans forcément souligner "les bons" (la notion de "bon" ou de "mauvais" comportement", étant un jugement arbitraire, qui dépendra de beaucoup de facteurs)...

 

Or, les enfants ont besoin de l'attention des adultes... C'est un fait, et pas une maladie. Et les enfants petits qui n'auront pas manqué de remarquer à quel point ils attirent l'attention sur eux dès qu'ils émettent certains comportements, et pas quand ils en emettent d'autres, vont alors, fort logiquement, réitérer un comportement inadapté, précisément pour nourrir leur besoin d'attention ! Cela n'a rien à voir avec de la manipulation, car ce n'est pas intentionnel, ni dans le but de nuire à l'adulte, qui, justement à ce moment là se montre peu disponible... Qui n'a jamais entendu un parent dire :

"Il suffit que je tourne le dos pour qu'il fasse une bêtise ! "

Alors que derrière la "bêtise", se cache l'émergence de l'enfant qui a su observer ce que l'adulte lui a montré !

"Il a dépassé la limite !"

Ou encore : "Il a dépassé les bornes !" Qui n'a jamais entendu cette phrase ? Voilà encore un exemple de l'utilisation du mot "limite" dans l'éducation... Mais de quelle limite parle-t-on ici ? Il est facile d'imaginer qu'il s'agit de la limite de la patience de l'adulte.... En effet, certains comportements des enfants peuvent nous importuner de façon très légère à petite dose.... Et donc, nous pouvons être tentés de ne rien dire, parfois dans l'espoir que l'enfant s'arrête de lui même et passe à autre chose. Et parfois, c'est en effet ce qu'il se passe. Mais pas toujours....Alors au bout de la 3ème, 10ème, 50ème fois, au bout de 3, 10 ou 50 minutes, nous voilà franchement exaspérés ! Et là , il est temps que ça s'arrête ! Or, plus l'enfant est petit, moins il est capable de mettre du sens sur ses propres ressentis et ceux des autres. Il peut ne pas comprendre pourquoi ce qui n'a pas provoqué de réaction la première fois va déclancher une réaction la dixième....

 

Surtout qu'entre la première et la dixième fois, notre état émotionnel est rarement le même. Autant la première fois il sera facile de demander à l'enfant de cesser son comportement avec une voix ferme mais posée, autant si  nous attendons la dixième ou la trentième fois, la colère aidant, il est probable que notre ton ne soit pas le même....Alors au lieu d'agir, nous risquons de réagir sous l'emprise de notre colère, de crier, de nous énerver, voire de punir de façon disproportionner, ou même de mettre une fessée... et de culpabiliser après... 

Les limites doivent être claires et constantes....

La principale difficulté dans l'idée que les limites doivent être et constantes, c'est précisément que la constance est impossble....

 

Les règles qu'on va donner à un enfant vont dépendre en partie de l'environnement dans lequel il se trouve. Les règles ne seront pas les mêmes en fonction des lieux... Difficile donc pour un petit enfant de se repérer, surtout quand son cerveau immature ne lui permet pas de comprendre, ou de se souvenir, aussi bien qu'un adulte.... Et quand l'adulte ne se représente pas les difficultés de l'enfant à décoder son message en raison de son immaturité cérébrale, difficile pour lui de poser une "limite claire"...

 

De la même façon, les limites de ce qui est acceptable à un moment ou non, en fonction du niveau de patience et de disponibilité des adultes, est lui aussi très inconstant. Nous adultes, n'avons pas toujours le même degré de tolérance, en fonction de notre état de fatigue, de notre disponibilité, ou de notre capacité à faire respecter NOTRE besoin.... Et d'un adulte à l'autre, c'est variable aussi...

 

C'est la raison pour laquelle les conseils selon lesquels les limites doivent être claires et constantes sont aussi difficiles à mettre en place.

 

Finalement, "mettre des limites", c'est quoi ?

Vous l'aurez compris, le mot limite regroupe en fait plusieurs concepts qui peuvent s'avérer flous et abstraits dans la tête de beaucoup d'adultes, qui plus est si ce sont des parents débutants à qui on a juste donné l'injonction de "mettre des limites".

 

Il y a les limites qui enseignement à l'enfant ce qui est possible de faire ou pas. Pour ce type de "limites", je préfère pour ma part employer le terme de "règles".

 

Il y a également les limites qui renseignent l'enfant sur l'effet de son comportement sur son entourage. Si l'enfant doit intégrer une "limite", il est en effet nécessaire qu'il apprenne à appréhender les "limites" entre lui et les autres. Il a besoin des adultes pour comprendre que son comportement a un effet sur les autres, quand il entre en conflit avec le besoin des autres, ou quand il va provoquer une émotion chez l'autre, que celui-ci va exprimer à son tour par un comportement. C'est en apprenant à l'enfant à être respectueux des besoins des autres, qu'on va lui permettre d'entrer en relation de façon respectueuse. Mais cela implique de l'accompagner dans la découverte de ses propres besoins et émotions et aussi et surtout,  en les respectant nous mêmes.... Pensez-y !

Et dans les moments où vous craquez, perdez patience, je vous propose de chanter cette petite chanson qui vous aidera à évacuer vos tensions, et vous rappellera avec humour, que les limites... sont faites pour être transgressées !
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Les enfants rois ont leur royaume

La Suède a été le premier pays européen à se positionner et à légiférer contre les châtiments corporels à l'encontre des enfants, comme l'ont fait depuis 27 autres pays européens. Bizarrement, jusqu'à très récemment, le modèle suédois n'avait pas l'air de susciter plus de critiques que ça chez nous.

 

En 2009, la pédiatre Edwige Antier a déposé un projet de loi visant à faire inscrire dans le code pénal l'interdiction de toute forme de violence à l'égard de l'enfant. Il n'a jamais été question de faire payer des amendes ou même d'emprisonner quiconque qui enfreindrait cette loi, mais de promouvoir un autre mode d'éducation, un autre modèle de relation à l'enfant.

Depuis quelques mois, je tombe régulièrement dans notre pays, sur des articles de presse ou des reportages de télévision, qui montre les "travers" du modèle éducatif suédois.

 

Le dernier en date, a été publié jeudi dernier sur le site de slate.fr. Je ne vous mettrai pas le lien vers cet article, que vous pourrez trouver facilement via votre moteur de recherche préféré. Néanmoins, j'ai choisi de vous en livrer quelques passages et de les commenter, tant il illustre à merveille les méconnaissances et confusions au sujet de l'éducation respectueuse...

Les petits suédois au centre de la société

L'article s'intitule "Les suédois sont-ils en train de créer une génération de petits cons ?" Cette question n'en est pas une, puisque tout l'article tente de répondre par l'affirmative. Quand à considérer les petits suédois de la sorte, je vous laisse juge du vocabulaire employé.... qui en dit long aussi sur le regard porté sur ces enfants, et sur les enfants en général.

 

On nous explique ensuite que la Suède a mis l'enfant au centre de sa société. Et on ajoute "...si ce n'est à sa tête". En gros, si on on s'en réfère à cet article, en Suède, c'est l'enfant qui commande... La Suède est classée parmi les premiers pays en Europe sur des critères tels que le bien être de l'enfant, la santé et la sécurité. Le congé parental est rémmunéré à 80% du salaire pendant 390 jours, et tous les enfants ont une place en crèche jusqu'à l'âge de 6 ans, âge où ils rentrent à l'école. Bref, on pourrait les envier et croire que c'est le rêve... Mais non.

Enfants rois et parents laxistes

D'après l'article, tous les ingrédients sont réunis pour que ces petits suédois deviennent des "petits cons, instables et dépressifs". Prédiction émanant d'une journaliste anglaise, qui regarde ce modèle éducatif de façon suspicieuse, puisqu'il vient sans doute remettre en cause celui auquel elle croit, et probablement celui qu'elle a reçu d'ailleurs, c'est à dire le modèle britannique démodé. (On imagine aisément là, le modèle supernanny, vous voyez ?) Et on nous vante la méthode de cette journaliste, en nous citant en exemple, un moment que nous avons tous connus, nous, parents, c'est à dire le moment où l'enfant refuse d'obtempérer et "pique une crise", décrite comme suit :

"une crise dont seuls les enfants et les pervers narcissiques ont le secret"

Alors là, j'avoue que le parallèle me choque. Comparer les enfants et les pervers narcissiques, revient à mettre sur le même plan, un adulte qui manipule consciemment et volontairement les autres, en les réduisant à l'état d'objet, voués à la propre satisfaction de son plaisir, et un enfant, qu débarque dans un monde dans lequel il a tout à apprendre, et dont le cerveau ne permet pas le moindre calcul... Il faut bien mal connaitre les enfants pour oser une telle comparaison. Ceci dit, elle illustre le regard que beaucoup d'adultes ont au sujet des enfants. Combien d'entre nous avons entendu "il fait un caprice, il nous manipule". Et la suite de l'article montre combien ce regard, implique la réponse qui en découle.

elle ne la considérera pas «comme un individu» qui doit «être écouté» mais comme un enfant capricieux à remettre illico dans le droit chemin. Sa réponse à cette tentative de manipulation

"Je n’ai jamais été ton amie. Les amis ne lavent pas tes chaussettes, ils ne t’achètent pas un manteau chaud pour l’hiver, pas plus qu’ils ne te forcent à te brosser les dents. Maintenant,

tu t’habilles ou je téléphone à l’école. Ils appelleront la police pour qu’elle vienne arrêter et expulser tes Sylvanians.»

Dans ce passage, on voit clairement comment l'enfant est qualifié de "capricieux", comment il est soupçonné de manipulation, et comment le parent, sous prétexte qu'il lave les chaussettes, et achète un manteau pour l'hiver, se permet de donner des ordres à son enfant, et de le menacer, pour se faire obéir.... Mais si on y réfléchit un peu, on pourrait se dire que l'enfant n'a pas demandé à naître. Et que laver ses chaussettes et lui acheter un manteau ne nous donne pas le droit de le menacer. Par ailleurs, on voit clairement l'opposition entre la vision de l'éducation de cette journaliste, qui oppose la notion "d'individu qui doit être écouté", à celui "qui doit être remis dans le droit chemin. Cela veut-il dire que les petits suédois ne se lavent jamais les dents ? Ne vont jamais à l'école ? Si c'était le cas, comme pourrait-il être si bien placés dans le classement des systèmes éducatifs européens ?

 

Les propos de la journaliste sont ensuite étayés par un psychiatre suédois qui illustre comment cette éducation a fait des petits suédois des enfants mal élevés, en nous donnant des exemples d'enfants qui décident de tout. Encore une fois, on confond éducation respecteuse et laxisme. Or, des parents considérés comme "laxistes", il y en a dans tous les pays. Et pas seulement en Suède. On pourrait donc conclure que ce laxisme ambiant n'a pas grand chose à voir avec la place qu'à l'enfant dans ce pays, ni avec l'interdiction de la fessée.

 

Ensuite, on nous relate les propos de Didier Pleux, le psychologue français qui tient le même discours que ce psychiatre suédois :

la frustration pose des limites, structure, et prépare l’enfant aux difficultés professionnelles, sentimentales qu’il rencontrera forcément dans sa vie d’adulte.

Les parents qui refusent d’adopter un registre éducatif indispensable, par le «non» et la frustration préparent des adultes qui souffriront d’un excès de moi.

Ca y est ! Nous y voilà ! La frustration, les limites qui structurent..... Ces notions directement dérivées des théories psychanalytiques, sont plutôt censés, en théorie. Mais les enfants ne sont pas des théories. Si on prend deux minutes pour se mettre à la place d'un enfant de deux ans, on se rend vite compte qu'à cet âge, il n'a pas encore bien acquis le langage oral. Qu'il n'est pas propre. Qu'il ne peut manger seul, se laver, s'habiller seul. Bref à deux ans un enfant est encore très dépendant de l'adulte pour un certan nombre d'actes essentiels de la vie quotidienne. Donc, il obligé d'attendre que l'adulte soit disposé à le nourrir pour pouvoir manger, même s'il meurt de faim. Il est obligé d'attendre que l'adulte soit disposé à lui changer sa couche, lui donner le pot ou l'aider à enlever son pantalon pour aller aux toilettes.... Bref, côté frustration, je crois qu'il est servi....

 

Un autre aspect de cette phrase m'interpelle. Il est dit que ces frustrations imposées par l'adulte, preparent les enfants aux difficultés de la vie d'adulte. Bref, l'enfant vivrait dans le monde des bisounours, s'imaginerait que tout est rose. Or les enfants sont en contact avec des adultes, qui eux sont confrontés aux difficultés d'adultes, telles que les joies de la vie de couple, la crise, les fins de mois difficiles, les problèmes au travail, le chomage, la maladie, etc... Pensez vous que les enfants ne perçoivent rien de tout cela ?

 

Je crois que très tôt, les enfants, même s'ils ne peuvent mettre du sens sur ce qu'ils perçoivent, ressentent nos angoisses face aux difficultés de la vie... et se doutent que la vie d'adulte n'est pas facile. Alors l'idée de les frustrer très tôt pour qu'ils s'habituent, pardon, mais je me permets d'émettre quelques réserves sur cette vision.... Si on leur signifie très tôt que la vie, c'est dur et qu'ils doivent en baver pour ne pas tomber de haut plus tard, personnellement moi, ça ne me donnerait pas très envie de grandir et de devenir adulte.... Mais bon, chacun se fera son opinion.

 

Ensuite, il est dit que les adultes que ces enfants deviendront, souffriront d'un excès de moi... C'est quoi, un excès de moi ? Un excès de confiance en soi ? C'est possible, ça ? Non parce qu'un manque de confiance en soi, je vois bien ce que c'est, c'est le problème de beaucoup d'adultes aujourd'hui. Mais je ne connais pas les effets de "trop de confiance en soi". On en arrive ensuite à nous dire que cet "excès de moi" serait à l'origine de comportements autodestructeurs et troubles de l'anxiété à l'âge adulte. Or, plusieurs études ont montré que les menaces, punitions, claques et fessées, ont exactement les mêmes effets.

L'interdiction de la fessée serait elle la responsable ?

On nous explique ensuite que cette dérive de l'éducation serait le résultat des effets de la loi contre les chatiments corporels. Cette loi a vu l'émergence de nouveaux modèles éducatifs, dont le thérapeute danois Jesper Juul, serait l'atisan. Selon l'article,

Juul a popularisé le principe de l’égalité et de la réciprocité entre adultes et enfants. La famille ne doit pas être une autocratie où seuls les parents auraient un pouvoir de décision,

mais une démocratie où les enfants, même tout petits auraient voix au chapitre

Je suis persuadée que l'auteur de cet article n'a jamais lu une ligne des écrits de Jesper Juul.... Cet auteur qui oeuvre pour une approche non violente de l'éducation, a en effet sensibilisé le grand public sur l'égalité entre adultes et enfants. Mais il ne s'agit pas d'égalité des droits. Il s'agit d'égalité en terme de ressentis émotionnels, et la réciprocité entre adultes repose sur le fait que les adultes ont aussi des devoirs envers leurs enfants (comme leur acheter un manteau l'hiver et laver leurs chaussettes, entre autres). Que le respect de l'enfant ammène au respect de l'adulte. Et que l'adulte se doit de respecter son enfant s'il espère être respecté. Et quand il parle de respecter son enfant, il parle de respect de son ryhme, de son émotion, et de ses besoins. Pas de respect de ses désirs.... Mais nous aurons l'occasion d'en reparler. Et quand il explique que l'enfant a droit au chapitre, il dit que l'enfant même petit peut être consulté pour un certain nombre de chose qui le concernent. Il peut par exemple choisir de mettre le pantalon bleu ou le pantalon vert, le pull rose ou le gilet violet. Cela participe à la construction de son autonome psychique. Mais Jesper Jull n'a jamais dit que le petit enfant pouvait décider de tout.

 

Et là, on évoque François Dolto, qui en France a popularisé le concept selon lequel "le bébé est une personne". Oui, contrairement à ce que l'on avait cru jusque dans les années 80, le bébé pense, ressent, et éprouve des émotions... Et en France aussi, les écrits de François Dolto on parfois été mal interprétés, et ont donné lieu à des comportements excessifs de la part de certains adultes, qui sont passés de "l'enfant est une chose", à "l'enfant est un adulte en miniature". Mais ce ne sont pas les travaux de Dolto qui sont en cause, mais l'interprétation qui en a été faite. Ce qui est très différent.

 

S'en suit une pléïade d'exemples, qui tendent à démontrer encore une fois à quel point les enfant suédois sont mal élevés. Ils crachent sur les adultes, les enseignants s'en plaignent (en même temps, chez nous aussi, les enseignants se plaignent, hein...), jusqu'à ce restaurateur qui a été contraint d'interdire l'accès de son restaurant aux enfants tant ils étaient insupportables.... Ce restaurateur, on nous l'a servi au 13heures de France 2 il y a quelques temps.... Donc il est dit dans l'article, que ce restaurateur, a interdit l'accès de son restaurant aux enfants, et que cela a créé un scandale. Un pédiatre émet l'hypothèse que plutôt que de pester contre les enfants qui dérangent tout le monde dans le restaurant, on pourrait choisir de s'en occuper, au lieu de regarder les parents d'un air accusateur, et de les critiquer derrière leur dos. Ce qui effectivement pourrait être une solution. Mais celle-ci n'a pas l'air d'enchanter l'auteur de cet article, qui se voit mal interrompre son apéro papotage pour jouer les nounous. De la même façon, ce restaurateur aurait pu choisir de créer un espace jeux comme il en existe dans certains restaurants, que les parents de jeunes enfants connaissent bien.

 

C'est vrai que cela impliquerait de sortir du jugement, pour voir que derrière ces parents laxistes qui laissent leurs enfants courir partout, se cachent peut-être des parents fatigués, qui apprécieraient sans doute un peu de relais... Et peut-être qu'en sortant du jugement, on pourrait voir que derrière ces enfants terribles qui sont incapables de rester plantés assis à table pendant que leurs parents discutent, boivent l'apéro et mangent, se cachent.... des enfants. Des enfants qui, comme tous les enfants, ont besoin de bouger, de jouer,...

L'éducation respectueuse, c'est du laxisme !

Ce même pédiatre a même osé affirmer que "Supernanny" (qui doit beaucoup plaire à la journaliste britannique), imposait un traitement humiliant à l'enfant, en le punissant 20 minutes dans sa chambre ! et l'auteur de l'article en conclut :

De l’interdiction sensée et bienveillante de la fessée ou de tout autre châtiment corporel, on est passé à «l’enfant, cet être de lumière qui a le droit de te chier à la gueule,

même que tu dois garder le sourire".

Encore une fois, on confond respecter la personnalité de l'enfant son besoin, son émotion... et tolérer son comportement. Ce qui est une totale désinformation concernant l'éducation respectueuse, qui certes s'oppose aux chatiment corporels et traitements humiliants tels que les punitions, menaces, chantages et autres manipulations, mais n'exclut absolument pas l'intervention physique de l'adulte. L'écoute active, dont il est question dans cet article, est au service de l'émergence de l'émotion et du besoin de l'enfant, et non pas au service du "tout laisser faire".

 

Alors que l'éducation traditionnelle basée sur les cris, les punitions et autres fessées, favorise la répression émotionnelle, l'éducation respectueuse accompagne l'enfant dans la découverte de ses émotions et besoins. Elle aide l'enfant à prendre conscience de la façon dont ces besoins et émotions le poussent à agir, et sont à l'orgine de son envie de grandir, d'apprendre, de vivre... Et en cultivant le respect de son ressenti émotionnel, elle permet à l'enfant de prendre conscience de l'impact de ses comportements sur les autres, en cultivant une qualité innée chez l'être humain : L'empathie.

 

Cet article a été rédigé par Nadia Daam, ancienne chroniqueuse dans l'émission "les maternelles", sur France 5. Elle dit dans son article que la presse internationale a la responsabilité de dénoncer les dérives du modèle éducatif suédois, qui pourrait s'avérer dramatique pour les générations futures.

 

Mais la loi a été votée en 1979. Les premiers enfants élevés sans châtiments corporels en Suède sont déjà adultes et parents. Les décès d'enfants pour cause de maltraitance ont disparu en Suède, pendant que dans notre pays, deux enfants par jour meurent sous les coups de leurs parents. Les prisons suédoises se vident alors que les nôtres débordent. La Suède n'est pas un royaume qui va vers le chaos.

 

Pour finir, je vous propose de visionner cette vidéo tournée par Marion Cuerq, une maman qui a réellement vécu en Suède et a souhaité faire un reportage pour montrer la réalité de ce qu'on nomme une société où l'enfant est au centre. Vous y verrez un pays où l'enfant a une vraie place, et où ses besoins et ceux de ses parents sont réellement considérés. Vous serez confrontés aux petits monstres suédois ! Vous pourrez donc réfléchir à ce que nous pourrions souhaiter pour nos enfants, les nôtres et tous ceux qui grandissent dans notre pays. Parce qu'entre l'information et la manipulation médiatique, il n'y a qu'un pas.

La vidéo complète est à voir sur la page d'accueil du site www.oveo.org

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La télécommande à changer les autres

Régulièrement, lors de mes accompagnements parentaux ou formations auprès des professionnels de l'enfance, je rencontre des adultes qui se plaignent. Cela va de cette maman qui se plaint que son mari crie trop sur les enfants, de ce papa qui trouve que son fils ne travaille pas assez à l'école, de cette maitresse qui est persuadée que tout irait mieux si le parent de tel élève agissait de telle ou telle manière, de la nounou qui est persuadée qu'elle aurait moins de problèmes avec cet enfant si les parents agissaient différemment. Et ce sont tous ces adultes, qui sont censés éduquer les enfants et leur inculquer les règles du "vivre ensemble". Et lorsque je rencontre ce genre de situation, je le dis que quand même, en matière de vivre ensemble, on a un sacré boulot.

 

D'un autre côté, je comprends. C'est vrai que ce serait génial, et qu'on vivrait tous ensemble et heureux, si tout le monde voyait les choses de la même façon, si tout le monde avait les mêmes idées, la même conception du problème et étaient d'accord sur la façon de le résoudre. Seulement, ça, c'est dans les films. Parce que dans la vraie vie, il bien l'avouer, c'est rarement le cas.

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Le coté obscur de la force

Il y a quelques jours, je suis tombée sur un excellent article sur le non moins excellent site collaboratif "les vendredis intellos", que vous trouverez ici. Cet article riche en arguments pose un problème de fond concernant la bienveillance éducative et la non violence dans l’éducation. Il y est question de souligner, que parler d'éducation bienveillante, en terme d'outils alternatifs, ne suffit pas en soi, si on ne remet pas en cause le statut de l'enfant dans la relation éducative et la relation de pouvoir entre adultes et enfants, et plus précisément entre parents et enfants.

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Mon enfant fait des colères

Ahh la colère des enfants ! Combien d'adultes se sentent démunis devant un petit enfant qui se met subitement à hurler, à sa rouler par terre, devant un jeune enfant qui "répond", ou un ado qui insulte.... La colère est une émotion mal connue et pourtant utile, tellement utile....Et si on apprenait à mieux la connaitre, pour aider les enfants à l'utiliser à bon escient ? Peut-être même qu'on pourrait se réconcilier avec la notre et mieux la comprendre...

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Comment lui faire comprendre ?

Combien de fois ai-je entendu cette phrase ? Dans mes accompagnements parentaux ou formations professionnelles, je rencontre souvent des adultes préoccupés par un seul et même objectif : Faire comprendre à l'autre leur point de vue. Et j'avais envie, pour faire suite à mon précédent article (à retrouver ici...), de vous donner mon point de vue à ce sujet.

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Faut-il laisser pleurer les bébés ?

A la lecture de mon précédent article (à retrouver ici, pour ceux qui l'auraient manqué...), certains parmi vous m'ont interpellée sur la nécessité de laisser pleurer les bébés afin de leur permettre de se libérer des tensions de la journée et de trouver le sommeil. Et ça tombait plutôt bien, puisque j'étais déjà en train de travailler sur l'article d'aujourd'hui, qui traite justement de ce sujet. A croire que certains parmi vous lisent dans mes pensées. Il est vrai qu'aujourd'hui on entend pas mal d'avis contradictoires sur le sujet Entre ceux qui pensent qu'"il ne faut pas laisser pleurer les bébés", au risque de leur provoquer des traumatismes et ceux qui pensent qu'"à trop consoler un bébé, on en fait un capricieux", il est difficile de ne pas y perdre son latin (quoique le latin est déjà en train de se perdre dans notre pays, mais ça c'est un autre débat... ;-)).

J'avais donc envie aujourd'hui de vous parler de ce sujet afin de vous donner mon avis, et quelques pistes qui,  je l'espère, vous permettront d'y voir plus clair sur le sujet.

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Y'a-t-il une parentalité négative ?

Le terme de parentalité positive suscite souvent chez les adultes des réactions plutôt négatives. Chez la plupart des gens, y compris chez des professionnels de l'éducation, ce terme renvoie à une opposition entre une parentalité qui serait positive, et qui s'opposerait à une parentalité qui elle, serait négative. Personnellement j'aime beaucoup ce terme, parce qu'il décrit exactement pour moi l'esprit de ce dont il est question dans cette posture relationnelle. Mais j'avoue, ce n'est pas si évident au premier abord...C'est grâce à un échange avec ma collègue Flore Viard, de Fami'lien (https://fami-lien.fr/), que j'ai pu éclaircir le sens de ce terme. 

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Tranche de vie d'une mère d'ado

Aujourd'hui, j'avais envie de sortir de mon silence estival pour vous partager une anecdote qui s'est produite avec mon fils pas plus tard qu'hier soir. Ce n'est pas mon habitude de parler de ma vie privée, mais quoi de mieux qu'un exemple de quotidien pour illustrer comment tout un tas de facteurs peuvent à la fois contribuer à influencer le comportement d'un enfant (enfin d'un  ado en l'occurrence ici,  mais un enfant réagirait de la même façon…), et comment l'éducation reçue, la culture et les croyances peuvent influencer la réaction d'un parent et avoir un impact sur la relation. 

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Education bienveillante, parentalité positive, le grand malentendu

Il y a quelques jours, j'ai lu un article au sujet de l'éducation bienveillante. Il y était question entre autres, de critiquer la façon dont l'éducation bienveillante est incarnée comme un dogme, qui sous couvert de preuves scientifiques issues des neurosciences, impose aux parents d'aujourd'hui d' être des parents parfaits, à la patience inaltérable, qui ne s'énervent jamais. On assiste alors à un clivage entre les personnes et les actes "bienveillants ou pas bienveillants", qui là aussi est issue à mon sens d'une totale incompréhension de la question. Je suis en effet la première à déplorer qu'elle soit parfois comprise et véhiculée de cette façon, parce qu'à mes yeux, cette conception fait infiniment plus mal que de bien. Et je commence à saturer de la récupération commerciale qui en découle, et de tous les articles que je lis (non, que je ne lis pas d'ailleurs...) qui commencent par "X trucs 'et machins pour obtenir telle ou telle chose de votre enfant". Néanmoins il me semble qu'on assiste avec l'émergence de cette conception de l'éducation à un changement de posture dans la relation à l'enfant et à ses parents.

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La télécommande à changer les autres

Régulièrement, lors de mes accompagnements parentaux ou formations auprès des professionnels de l'enfance, je rencontre des adultes qui se plaignent. Cela va de cette maman qui se plaint que son mari crie trop sur les enfants, de ce papa qui trouve que son fils ne travaille pas assez à l'école, de cette maitresse qui est persuadée que tout irait mieux si le parent de tel élève agissait de telle ou telle manière, de la nounou qui est persuadée qu'elle aurait moins de problèmes avec cet enfant si les parents agissaient différemment. Et ce sont tous ces adultes, qui sont censés éduquer les enfants et leur inculquer les règles du "vivre ensemble". Et lorsque je rencontre ce genre de situation, je le dis que quand même, en matière de vivre ensemble, on a un sacré boulot.

 

D'un autre côté, je comprends. C'est vrai que ce serait génial, et qu'on vivrait tous ensemble et heureux, si tout le monde voyait les choses de la même façon, si tout le monde avait les mêmes idées, la même conception du problème et étaient d'accord sur la façon de le résoudre. Seulement, ça, c'est dans les films. Parce que dans la vraie vie, il bien l'avouer, c'est rarement le cas.

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Le coté obscur de la force

Il y a quelques jours, je suis tombée sur un excellent article sur le non moins excellent site collaboratif "les vendredis intellos", que vous trouverez ici. Cet article riche en arguments pose un problème de fond concernant la bienveillance éducative et la non violence dans l’éducation. Il y est question de souligner, que parler d'éducation bienveillante, en terme d'outils alternatifs, ne suffit pas en soi, si on ne remet pas en cause le statut de l'enfant dans la relation éducative et la relation de pouvoir entre adultes et enfants, et plus précisément entre parents et enfants.

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